Au Népal, réduire la violence sexuelle et fondée sur le genre est l’affaire de tous

Dans le monde, plus de 35 % des femmes subissent une forme de violence sexuelle et fondée sur le genre à un moment dans leur vie. Bien que de nombreux pays aient mis en place des outils législatifs pour combattre ce type de violences, très souvent, faire appel à la mobilisation des communautés est un moyen très efficace de changer les comportements. 

Récemment, la Croix-Rouge du Népal a terminé la mise en œuvre d’un programme en ce sens, avec l’appui de la Croix-Rouge canadienne.

Le tremblement de terre de 2015 a montré que les femmes et les enfants étaient particulièrement vulnérables. Alors que la Croix-Rouge du Népal s’attelait à répondre aux besoins de la population après le séisme, elle a profité de cette intervention pour travailler à améliorer l’égalité des genres et mieux protéger les femmes et les enfants.

Le projet intégré de prévention de la violence à l’échelle communautaire a été mis sur pied en mai 2017. Il comprenait différentes initiatives de lutte contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment des lieux sécuritaires pour les enfants et des lignes directrices permettant de savoir où orienter les personnes ayant subi de la violence.

Le projet, déployé dans 5 villages du district de Kavrepalnchowk, incluait également deux volets d’engagement communautaire : des
séances de sensibilisation à l’aide de cartes éducatives ainsi que des microprojets sur la prévention de la violence. Ces initiatives ont permis aux bénévoles de s’impliquer auprès de leurs communautés afin de discuter des différents types de violence et de la manière d’y répondre et de les prévenir.

Les cartes éducatives ont été élaborées pour la première fois par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale), puis adaptées au contexte du pays par la Croix-Rouge du Népal. L’objectif était non seulement de fournir aux communautés un espace où discuter des problèmes de violence (violence sexuelle et fondée sur le genre, égalité des genres, violence physique, automutilation et violence contre les enfants), mais également de trouver des solutions à l’échelle locale.

Sur une période d’environ trois mois, des bénévoles dûment formés se sont rendus dans leurs communautés pour y rencontrer des groupes locaux et utiliser les cartes pour offrir une série de sept séances de formation durant de 45 à 60 minutes.

L’objectif des microprojets sur la prévention de la violence était de mobiliser davantage les jeunes issus des communautés visées. Les jeunes de 16 à 17 ans étaient encouragés à travailler avec les leaders de leur communauté et à trouver des solutions créatives pour faire de la sensibilisation sur la prévention de la violence. L’idée était d’inciter les jeunes à se servir des renseignements disponibles pour mieux prévenir la violence dans leurs communautés.

Le pouvoir de l’art s’est révélé dans toute sa force. Dans l’un des districts, un concours de chants folkloriques a été organisé et des élèves ont réalisé des peintures murales. Dans un autre, une pièce de théâtre de rue a été jouée par les membres d’un théâtre local et un concours d’art oratoire a également été organisé. Enfin, dans un troisième district, les jeunes se sont livrés à une compétition de poésie.



En plus d’aider leurs communautés en diffusant des renseignements sur la prévention de la violence, les jeunes ont également indiqué avoir tiré des avantages de ce projet. Selon le Dr Sinha Wickremesekera, délégué de la Croix-Rouge canadienne spécialisé en protection qui a travaillé sur ce programme avec la Croix-Rouge du Népal : « les jeunes ont dit avoir vécu une expérience nouvelle. Ils étaient curieux de découvrir les messages de sensibilisation et de savoir en quoi cela les concernait. Ils ont vraiment apprécié le fait de participer et ils ont eu le sentiment de se rendre utiles à leur communauté ».

D’après les conclusions des groupes de discussion organisés à la fin du programme, les membres des communautés ont estimé que les deux programmes leur avaient permis de mieux comprendre les types de violence, de savoir comment les éviter et à qui s’adresser pour faire des signalements. Les plus grands changements qui se sont opérés au sein de ces communautés concernaient la façon de discipliner les enfants. Un participant à l’un des groupes de discussion a indiqué que le fait de discipliner physiquement les enfants constituait la norme, mais que le programme leur avait permis de se rendre compte qu’il s’agissait d’un type de violence et que les enfants pouvaient être disciplinés d’une manière non violente et constructive.

Il reste encore beaucoup à faire pour réduire la violence au Népal, mais miser sur la mobilisation des communautés et des bénévoles locaux permet à la population de prendre la question en main, ce qui peut contribuer grandement à changer les mentalités et les comportements.

Note : les images présentées dans ce billet ont été prises avant la pandémie de COVID-19. 

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