Le stress de prendre soin de ses parents en période d’incertitude

Lors de l’arrivée de la pandémie, Phyllis s’est sentie prête à y faire face, car elle s’y était préparée.

Étant l’une des principales personnes à s’occuper de son père Peter, âgé de 87 ans, Phyllis a mobilisé ses frères et sœurs afin de coordonner un bon soutien et d’organiser son ravitaillement ainsi que des livraisons spéciales lorsque tous les membres de la famille seraient confinés chez eux. Toute la famille s’est efforcée du mieux qu’elle pouvait de maintenir un lien virtuel avec Peter et aussi entre eux, et ce, plus souvent qu’ils ne le faisaient en personne auparavant. Mais après environ un mois d’isolement et la terrible chute de son père dans son appartement, Phyllis a réalisé que la pandémie avait des répercussions physiques et mentales bien plus importantes sur son père âgé que ce à quoi elle s’était préparée.

Après la chute de Peter, Phyllis et son mari l’ont accueilli chez eux. Au bout de trois jours, grâce à une nouvelle routine, une alimentation saine et un peu d’exercice, il s’est remis sur pied, a repris goût à la vie et a retrouvé son sens de l’humour. La famille a connu son lot de défis, mais en cette période difficile, il était primordial de se serrer les coudes. Après le retour de Peter chez lui, où il vit seul, et à la lumière de ce qu’ils viennent de vivre, toute la famille a commencé à réfléchir à une deuxième phase de transition pour leur père. Phyllis a donc réuni les membres de sa famille élargie pour aborder le sujet d’un placement en soins de longue durée, une conversation difficile qu’ils n’avaient pas prévu d’avoir avant un certain temps.

Quant à Rachel (nous avons remplacé son nom dans le but de protéger son anonymat), en plus de ne pas pouvoir prendre soin personnellement de son père Jack actuellement hospitalisé en soins intensifs, elle doit aussi gérer le fait que quatre provinces les séparent. Il se trouve dans un état critique et, en raison de la pandémie, la famille n’est pas autorisée à lui rendre visite. L’an dernier, Rachel était aux côtés de son père malade pour veiller sur lui, mais avec la pandémie, cela n’est plus possible. « Même si je pouvais prendre l’avion pour aller le voir, je ne pourrais pas être à ses côtés », dit-elle, découragée. Au lieu de cela, elle doit se contenter des nouvelles, souvent irrégulières et incomplètes, qu’elle reçoit de l’hôpital, en sachant que tout le monde fait de son mieux étant donné les circonstances. Rachel doit à la fois gérer son envie de rester maître de la situation et la peur qu’elle ressent devant l’état de son père.

« Prendre soin de ses parents engendre un véritable stress qui peut être amplifié lorsque ceux-ci se trouvent dans un établissement de soins de longue durée. Comme Rachel, les proches ne sont pas autorisés à se rendre dans les établissements, et la peur que l’épidémie se déclare dans ces endroits est bien réelle. »

Une récente enquête de Statistique Canada menée auprès des aidants canadiens a montré que « environ 3,8 millions de Canadiens de 45 ans et plus (35 %) prodiguaient des soins informels à une personne âgée ayant un problème de santé à court ou à long terme »[1]. Interrogés sur l’aspect le plus négatif qui accompagne le fait de s’occuper d’une personne âgée, 17 % des répondants ont déclaré que cette responsabilité était exigeante sur le plan émotionnel; 12 % ont indiqué qu’ils n’avaient pas assez de temps pour eux ou leur famille; 10 % ont répondu qu’ils ressentaient du stress; et 7 % de la fatigue[2]. Si l’on ajoute à cela les circonstances changeantes liées à la pandémie de coronavirus et les mesures de distanciation physique imposées en raison de celle-ci, il est certain que s’occuper de ses parents âgés est encore plus stressant dans ce genre de contexte.

Bien que leur situation soit différente, Phyllis et Rachel ont toutes les deux trouvé des manières similaires de gérer leur stress et l’incertitude liée au fait de s’occuper d’un proche. Les deux femmes peuvent compter sur de solides réseaux de soutien pour les aider à surmonter ces difficultés : des amis vers qui se tourner et demander conseil, une famille également en mesure de les aider en allant rendre visite au proche ainsi qu’en lui fournissant des soins directs et un soutien financier, et un employeur faisant preuve de compréhension et de souplesse. Toutes les deux ont également cité l’importance de conserver certaines habitudes, comme de faire des promenades (notamment en nature), et la capacité à compartimenter ses différents rôles afin de retrouver des moments de calme pour évacuer le stress que l’on ressent lorsqu’on s’occupe d’un proche et pour profiter des autres aspects de sa vie.

Étant donné que, pour l’heure, la seule certitude que nous ayons dans ce contexte de pandémie est que nous allons devoir nous adapter au changement, nous devons absolument veiller à protéger notre propre santé physique et mentale pour soutenir ceux dont nous nous occupons. Développer une certaine résilience est essentiel, et nous possédons tous nos propres méthodes pour la renforcer. Si nous parvenons à déterminer l’aide et les méthodes qui fonctionnent pour nous et nos proches, il nous sera alors beaucoup plus facile de gérer les situations auxquelles nous sommes confrontés.

Pour obtenir de l’aide, renseignez-vous sur les ressources proposées aux aidants auprès de votre province. Les provinces et territoires offrent une foule de renseignements et d’aides, notamment via des groupes de soutien.

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Note de la rédaction : Depuis que nous avons rédigé cet article, le père de Rachel est malheureusement décédé. Nous adressons nos plus sincères condoléances à Rachel et à sa famille.
 

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