​Carnet d’un travailleur humanitaire québécois au Bangladesh

Jean-Baptiste Lacombe nous offre un témoignage touchant de ses deux missions au Bangladesh du 3 janvier au 20 février 2018 où plus de 600 000 personnes se sont réfugiées pour fuir les violences au Myanmar depuis le l’été 2017

jb3_600-(1).jpgAprès quatre vols en deux jours : Montréal – Toronto, Toronto – Istanbul,  Istanbul – Dacca et finalement, Dacca – Cox’s Bazar, je me suis rapidement retrouvé au centre de commande des opérations. On y rencontre des gens de partout dans le monde : des Turcs, des Italiens, des Qataris, des Espagnols, des Suisses, des Norvégiens, des Allemands, plusieurs Canadiens et un grand nombre de membres du Croissant-Rouge du Bangladesh, tous venus prêter main-forte à la plus grosse réponse actuelle du mouvement de la Croix-Rouge. Malgré la fatigue, ils gardent le moral et le sourire.

Très tôt, nous partons vers le sud du pays où plus de 600 000 personnes se sont réfugiées dans des abris de fortune sur une mince bande de terre entre le golfe du Bengale et la rivière Naf qui forme une frontière naturelle entre le Bangladesh et le Myanmar. Le chaos des rues me rappelle l’Inde et le Pakistan. C’est une véritable jungle de klaxons, de chauffards, de porteurs de bambous, de tricycles, de rickshaws, de vaches, de poulets, d’enfants qui jouent et de vendeurs de pacotilles. Ça sent les épices, le poisson séché, le tabac à chiquer, les déchets qui brûlent, le diesel, l’humidité et les égouts ouverts de la ville. Sur plusieurs kilomètres, on voit des milliers de petits abris en bambous avec de simples bâches en plastique en guise de toit.

jb2_460.jpgNous rejoignons le groupe de volontaires du Croissant-Rouge du Bangladesh qui organisent des séances de sensibilisation pour la promotion de l‘hygiène. L’utilisation du savon est une des actions ayant le plus d’impact sur la réduction des maladies hydriques comme le choléra. Avant de partir, les volontaires chantent un cri d’équipe en tapant des mains. On les suit un moment dans les dédales du camp construit sur un terrain vallonné où les sentiers se transforment en rivières de boue lorsqu’il pleut. Nos pieds s’enfoncent de plusieurs centimètres dans le sol à chaque pas, ce qui rend nos déplacements difficiles, particulièrement pour le transport de gros équipements comme les citernes.




Les réfugiés dépendent presque uniquement de l’aide humanitaire pour subvenir à leurs besoins. Au milieu de la file du centre de distribution, un enfant d’environ 5 ans, nu, pleure et ne semble pas être accompagné d’un adulte. Un grand nombre de familles ont été séparées pendant la fuite; les enfants se retrouvent seuls ou deviennent les chefs de famille lorsque leurs parents sont malades. On les voit parfois transporter des briques et des bambous pour la construction des abris.

jb8-600-(1).jpgJ'ai eu l'occasion de parler avec une volontaire de la Croix-Rouge qui organisait des activités avec les enfants. Elle me disait qu'elle avait rarement vu des enfants qui avaient aussi peur et refermés sur eux-mêmes. Certains d’entre eux n'avaient jamais utilisé de crayons de couleur.

Difficile de ne pas se sentir complètement dépassé par la situation devant ce spectacle navrant, mais c’est encourageant de constater le travail acharné des volontaires du Croissant-Rouge du Bangladesh et des équipes internationales qui sont à pied d’œuvre 7 jours sur 7. L’élan de solidarité internationale et les résultats sont bien visibles sur le terrain.

Comme citoyen, nous pouvons rester informés pour nous assurer que cette crise ne soit pas oubliée et soutenir les opérations de la Croix-Rouge en donnant au « Fonds de secours : réfugiés du Myanmar ».   

Jean-Baptiste Lacombe
Gestionnaire d’intervention rapide au sein de l’Équipe d’intervention d’urgence
Retrouvez la suite de la mission de Jean-Baptiste la semaine prochaine.
 
 

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