L'entre-deux-guerres : de 1919 à 1939

Comme ce fut le cas d’un grand nombre de Sociétés nationales de la Croix-Rouge à cette époque, la Société canadienne de la Croix-Rouge connut une croissance si rapide et accomplit tant de progrès pendant la Première Guerre mondiale que ses dirigeants étaient fort peu disposés à la voir disparaître en même temps que la guerre. Ils étaient convaincus qu’elle pouvait également accomplir de grandes choses en temps de paix. Grâce au soutien de la communauté internationale, qui mit sur pied la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge ayant pour but de coordonner les activités des Sociétés nationales en temps de paix, la Croix-Rouge canadienne demanda et reçut l’autorisation du gouvernement fédéral d’élargir son mandat : dès 1919 , elle fut habilitée à « poursuivre ses opérations en temps de paix et en temps de guerre et contribuer à l’œuvre de l’amélioration de l’hygiène, de l’empêchement de la maladie et de l’adoucissement des souffrances par le monde entier. » En fait, les premières activités de la Société en matière de santé publique avaient précédé cette révision de son mandat : les sections locales et provinciales firent don des fournitures médicales non employées pendant la guerre et offrirent leur aide sous diverses formes quand l’épidémie de grippe espagnole sévissant à l’échelle internationale frappa le Canada pendant l’hiver de 1918-1919.

Au cours des années 1920 et 1930, le nouveau mandat élargi de la Société l’amena à s’investir dans toute une gamme de projets touchant la santé et le bien-être publics en temps de paix. Suivant la tendance générale dans le domaine de la santé publique à l’époque, la Croix-Rouge canadienne accorda une attention particulière à la santé des mères et des enfants. Entre autres, elle établit des hôpitaux et des dispensaires, dont les services étaient généralement assurés par une seule infirmière, dans des régions éloignées et des nouvelles colonies au Canada; elle dépêcha en régions éloignées des cliniques de puériculture et des cliniques dentaires mobiles; elle instaura des programmes de formation en soins infirmiers de santé publique dans plusieurs universités canadiennes; elle fit la promotion de la Croix-Rouge jeunesse comme moyen d’inculquer aux élèves de bons principes sanitaires, l’altruisme et la responsabilité civique; elle offrit un soutien et du réconfort aux mères et aux enfants immigrant au Canada par l’entremise des pouponnières portuaires; elle organisa des cours de secourisme et de soins infirmiers à domicile à l’intention du grand public; elle offrit de l’aide aux épouses et aux mères malades grâce aux services d’auxiliaires familiales; elle porta secours aux sinistrés et offrit de l’aide et un emploi protégé aux anciens combattants dans le besoin et à leur famille. La Grande Dépression (de 1929 à 1939) eut comme conséquences parallèles une hausse exponentielle du nombre de Canadiens dans le besoin et une baisse des capacités de la Croix-Rouge à leur venir en aide, en raison d’un manque de fonds : en effet, certaines sections provinciales œuvrant dans l’Ouest frôlèrent la faillite. Néanmoins, la Société réussit à maintenir en vie ses principaux programmes de santé publique et tâcha d’offrir de l’aide là où elle pouvait. Par exemple, la Croix-Rouge assura la distribution de vêtements pour le compte du gouvernement en Saskatchewan.

En 1927, la Société canadienne de la Croix-Rouge fut reconnue par le Comité international de la Croix-Rouge en tant que Société nationale de la Croix-Rouge autonome, non plus subordonnée à la Croix-Rouge britannique. La conférence impériale britannique de 1926 avait modifié le statut des dominions britanniques : le Canada devint une entité politique autonome et non plus une simple colonie. Dès lors, conformément aux règlements internationaux de la Croix-Rouge, le Canada (de même que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud) eut droit à sa propre Société de la Croix-Rouge à part entière.

 

Références bibliographiques :

Société canadienne de la Croix-Rouge. Rapports annuels. 1919-1939.

Glassford, Sarah Carlene. Marching As to War: The Canadian Red Cross Society, 1885-1939. Thèse de doctorat, Université York, 2007.