Plus d’un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début de la crise, il y a quatre ans. Ils vivent aujourd’hui chez des proches, dans des familles d’accueil ou dans des camps. Quatre membres du CICR et de la Croix-Rouge libanaise se sont rendus récemment à Ketermaya, où ils ont passé quelques heures dans un camp de fortune installé à proximité des montagnes du Chouf. Ils ont eu la chance de rencontrer Nejmeh, une adolescente syrienne qui fait la classe aux enfants réfugiés du camp.
Quand nous arrivons au camp, le ciel est menaçant. Les frêles structures servant d’abris aux centaines de réfugiés du camp de fortune de Ketermaya ne semblent pas suffisantes pour les protéger du déluge qui s’annonce.
Malgré l’orage qui se prépare, on peut entendre un groupe d’écoliers récitant l’alphabet haut et fort. Une jeune fille dirige cette joyeuse clique, elle en est le maître d’orchestre. Les enfants chantent et rient, se retournant sur leurs petites chaises en plastique pour nous dévisager, avant de nous offrir des coquelicots cueillis dans les champs avoisinants.
« J’espère que le fait de recevoir une instruction les aidera à oublier pour un moment leurs problèmes et la perte de leurs chers »
Leur enseignante – Nejmeh, 14 ans – vit à Ketermaya depuis un an avec ses parents, ses frères et ses sœurs. Originaire de Ghouta, dans la banlieue de Damas, la famille a fui la capitale il y a deux ans, alors que la crise syrienne s’aggravait et qu’il était devenu trop dangereux d’y rester. Il leur a fallu trois jours pour rejoindre le Liban. Ils ont d’abord trouvé refuge dans une école, avec d’autres réfugiés syriens, avant de s’installer dans le petit abri où ils vivent aujourd’hui.
Entre deux averses, Nejmeh, jeune enseignante autoproclamée, nous fait part de ce qui l’a poussée à vouloir enseigner. « J’espère que le fait de recevoir une instruction les aidera à oublier pour un moment leurs problèmes et la perte de leurs chers », dit-elle avec une étonnante maturité pour quelqu’un qui sort à peine de l’enfance. Mais si nous avions des cahiers et des crayons, les enfants pourraient tout mettre par écrit et mémoriser plus facilement leurs cours », ajoute-t-elle.
Depuis un mois, les enfants s’entassent dans sa classe improvisée : des rangées de petites chaises devant un grand tableau vert en plein air. « Nous avions une salle de classe, raconte-t-elle. Mais l’abri qui l’accueillait s’est effondré à cause de la pluie, et maintenant je n’ai plus d’endroit pour donner les cours, si ce n’est dehors. »
« Je leur enseigne l’anglais, les mathématiques et les sciences, explique-t-elle, montrant le tableau vert couvert de figures de géométrie. C’est ce que j’ai appris à l’école. J’étais la meilleure de ma classe. »
« Les enfants ont congé les vendredis et les samedis, poursuit-elle, mais je ne veux pas qu’ils ratent les cours les autres jours ».
Le camp de Ketermaya héberge une cinquantaine de familles, soit près de 300 personnes. Elles survivent grâce à la bienveillance du propriétaire du terrain et à la générosité de la communauté locale. Mais malgré cette aide et l’assistance fournie par la Croix-Rouge libanaise, les conditions de vie sont extrêmement difficiles.
Les Canadiens désireux de soutenir les vastes opérations de secours humanitaires en cours en Syrie et dans les pays voisins peuvent faire un don en ligne.
Les dons recueillis contribueront aux secours d’urgence du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Les équipes du Mouvement déploient du personnel d’urgence et distribuent couvertures, matelas, nourriture, trousses d’hygiène, fournitures médicales et équipements, entre autres.