« Aucun enfant ne devrait avoir à vivre ça » : L’hôpital de la Croix-Rouge soigne une jeune réfugiée syrienne souffrant depuis trois mois d’une blessure par balle

Billet de Gwen Eamer, Croix-Rouge canadienne et Fédération internationale

C’est dans la souffrance et dans la peur qu’Amnah est arrivée au camp Azraq pour réfugiés syriens, dans l’est de la Jordanie. Âgée de 9 ans, la jeune fille venait de passer les 3 derniers mois à être trimballée d’une maison à l’autre, d’un village à l’autre, avant d’enfin traverser la frontière sud qui sépare la Syrie et la Jordanie, tout cela dans l’espoir de trouver un refuge et des soins médicaux. Elle compte désormais parmi les quelque 12 000 réfugiés syriens qui habitent dans le camp Azraq, mais n’a pas encore eu la chance de visiter son nouveau foyer et sa future école, ni même de rencontrer ses voisins. Elle a plutôt passé ses 10 premiers jours dans le camp Azraq à l’hôpital de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, où le personnel médical l’aide à guérir d’une blessure par balle qui la tourmente depuis déjà 3 mois.

En août dernier, Amnah et son frère Ibrahim de 11 ans ont tous deux reçu une balle dans la jambe alors qu’ils revenaient à pied du mariage de leur oncle, dans leur ville natale de Daraa, située dans le sud-ouest de la Syrie. De nombreuses familles locales se sont enfuies vers la Jordanie, le Liban ou d’autres collectivités en Syrie afin d’échapper au conflit qui fait rage depuis qu’Amnah a 6 ans.

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Photo : Amnah à l’hôpital de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de Azraq - Crédit : Gwen Eamer, Croix-Rouge canadienne/FICR

En raison du conflit, 60 % des hôpitaux publics et 50 % des établissements de santé en Syrie ont partiellement ou totalement interrompu leurs opérations. Il était donc quasiment impossible pour Amnah et Ibrahim d’obtenir de l’aide médicale dans leur pays. De plus, la balle avait causé une fracture ouverte dans la jambe d’Amnah et la blessure exigeait des soins d’une complexité qui dépassait les capacités du peu de services encore disponibles à l’échelle locale. Chaque mois, le conflit fait en moyenne 25 000 blessés. Vu les graves pénuries de fournitures médicales de base dont les médecins ont besoin pour opérer et pratiquer des anesthésies, sans compter les pannes d’électricité et la destruction physique des établissements de santé, la population syrienne doit souvent se passer de soins médicaux vitaux. La situation a entraîné une hausse des complications médicales qui sont normalement évitables, comme la gangrène, les infections sanguines et l’insuffisance fonctionnelle des organes. 

La voie du rétablissement physique et psychologique promet d’être longue pour Amnah, mais le personnel de l’hôpital est optimiste. « Amnah avait reçu des soins de base avant d’arriver jusqu’ici, mais il était grand temps qu’on lui donne des soins plus poussés. Nous avons pu nettoyer la plaie et la recouvrir par une greffe de peau. Quand je pense à la gravité de sa blessure en arrivant, je trouve qu’elle est chanceuse d’avoir déjà autant récupéré. » Ibrahim reçoit également des soins auprès d’un organisme partenaire qui gère des cliniques de soins primaires dans les divers « villages » aménagés dans le camp. Si l’état de ses blessures vient à l’exiger, Ibrahim pourra être transféré à l’hôpital de la Croix-Rouge afin d’obtenir des soins plus spécialisés.

« Ma famille est ici et peut me tenir compagnie, mais c’est ennuyant d’être blessée, a expliqué Amnah. J’ai juste envie de courir et d’aller jouer dehors ». Badriah demeure au chevet de sa nièce afin qu’elle ne se sente pas seule. Elle voit les choses d’un autre œil qu’Amnah : « Je suis simplement soulagée qu’elle ait enfin pu recevoir de l’aide. Souffrir pendant trois mois d’une plaie ouverte à cause d’une balle... aucun enfant ne devrait avoir à vivre ça. »

Amnah attend avec impatience le jour où elle pourra quitter l’hôpital et rencontrer les autres enfants de sa nouvelle collectivité. « On est juste des enfants, a-t-elle ajouté. Tout ce qu’on veut, c’est être avec d’autres enfants, jouer et vivre en sécurité à la maison. » Ce tableau demeure un rêve lointain pour Amnah et Ibrahim, qui ont récemment appris que leur père, toujours en Syrie, a lui aussi été victime d’une balle.

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