Discours du Dr Pierre Duplessis, secrétaire général, Croix-Rouge canadienne

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Proposition pour le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, à propos de la crise au Proche-Orient et de l’intervention de la Croix-Rouge

1er août 2006 
Ottawa (Ontario)

Monsieur le président et membres du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.

C’est avec grand plaisir que j’ai accepté de venir vous informer aujourd’hui de l’intervention et de l’importante contribution des différentes composantes du Mouvement international de la Croix‑Rouge et du Croissant-Rouge depuis le début de la crise au Proche-Orient.

M’accompagnent, Mme Jenna Clarke, agente de communication affectée aux programmes internationaux, M. José Garcia-Lozano, directeur des programmes internationaux et M. Sylvain Beauchamp, conseiller juridique en droit international humanitaire.

Pour pouvoir dresser un portrait complet de la situation, j’aimerais vous entretenir des points suivants :

  • Le rôle et les responsabilités des diverses composantes du Mouvement lors d’un tel conflit.
  • Le rôle de la Croix-Rouge canadienne en tant qu’auxiliaire du gouvernement canadien.
  • Le rapport de situation à ce jour des opérations du CICR et des Sociétés nationales des pays touchés.
  • Le rapport de situation à ce jour de la Croix-Rouge canadienne.
  • Les questions touchant de l’emblème, les Conventions de Genève et le droit international humanitaire.

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant‑Rouge est composé :

  • du Comité international de la Croix-Rouge (CICR);
  • de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge;
  • de 185 Sociétés nationales à travers le monde.

Les Principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, de neutralité, d'indépendance, de volontariat, d'unité et d'universalité guident l’ensemble des programmes et des activités de toutes les composantes du Mouvement. Ces principes nous permettent de venir en aide immédiatement à ceux qui sont dans le besoin, sans distinction de race, d'appartenance politique, de religion, de condition sociale ou de culture.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dirige et coordonne les activités internationales de secours menées par le Mouvement lors de conflit.

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dirige et coordonne l'aide internationale que le Mouvement apporte aux victimes de catastrophes technologiques et/ou naturelles et aux réfugiés, ainsi que l'aide en matière d'urgence sanitaire.

Les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge incarnent le travail et les principes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans leur pays respectif où elles agissent en tant qu'auxiliaires des pouvoirs publics.

Le CICR, la Fédération et les Sociétés nationales sont des organisations indépendantes, mais qui travaillent toujours en étroite collaboration, comme vous pourrez le constater à travers les rapports de situation dont je vais vous faire part dans les prochaines minutes.

La Société canadienne de la Croix-Rouge est au service de la population canadienne depuis 1896 grâce à l’action bénévole et à l’appui financier des Canadiens. La Société est dûment reconnue par le gouvernement canadien comme une société de secours volontaire, auxiliaire des pouvoirs publics.

Je vais maintenant vous faire part des plus récents renseignements sur l’intervention du CICR, de la Fédération et des Sociétés nationales dans le cadre de la crise actuelle au Proche-Orient, ainsi que du rôle joué à ce jour par la Croix-Rouge canadienne afin de soutenir les opérations du Mouvement international et les activités du gouvernement du Canada ici au pays.

Laissez-moi vous rappeler que je ne peux parler au nom du Comité international de la Croix-Rouge. Mais en tant que membre du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, nous partageons les préoccupations du CICR et nous pouvons parler de ses actions ainsi que des autres activités du Mouvement dans son ensemble.

Dix-neuf jours après le début du conflit, le CICR est très préoccupé par l’escalade des hostilités, et déplore le manque de respect des parties au conflit à l’égard du droit international humanitaire.

Le CICR s’inquiète vivement du nombre croissant de victimes civiles résultant du conflit armé en cours et rappelle aux belligérants que le fait d’avertir la population civile de l’imminence d’une attaque ne les libère en aucun cas de leurs obligations en vertu des règles et des principes du droit international humanitaire. Plus particulièrement, on doit respecter en tout temps les principes de distinction et de proportionnalité lors de la conduite des hostilités.

Le CICR rappelle aussi l’obligation de faire la distinction entre les civils et les biens de caractère civil d’une part, et les objectifs militaires de l’autre. Toutes les précautions nécessaires doivent être prises pour sauver des vies civiles et des biens de caractère civil, et pour assurer que les blessés ont accès à des établissements médicaux.

Le CICR souligne aussi que les civils ont le droit de savoir où se trouvent les membres de leur famille afin de pouvoir rester en contact avec eux et de se réunir, s’ils le désirent. Lorsque c’est nécessaire, on doit procéder à l’inscription des personnes vulnérables, particulièrement les enfants et les personnes âgées, les visiter régulièrement et les réunir avec les membres de leur famille, si elles le désirent.

Le CICR met d’abord et avant tout l’accent sur les points suivants :

  • Les secours alimentaires (on a établi une chaîne logistique à Larnaca, à Chypre). Nous avons mis sur pied une capacité d’évacuation par voie maritime et, le dimanche 30juillet, un navire affrété par le CICR a transporté des secours à Tyr. Avant, le CICR expédiait des secours sur les navires servant à l’évacuation alors qu’ils se rendaient au Liban.
  • Coordonner les déplacements de la Croix-Rouge libanaise à ceux des Forces israéliennes de défense, afin que la Croix‑Rouge libanaise puisse procéder à des évacuations médicales; rôle qu’elle remplit à merveille.

Le CICR a lancé son appel, qui est maintenant fixé à 92 millions de dollars, afin d’aider les établissements médicaux à desservir 650000personnes et à traiter jusqu’à 5 000 blessés de guerre. L’appel, que la Croix-Rouge canadienne soutient activement, permettra d’aider le CICR à distribuer des fournitures médicales, à répondre aux besoins alimentaires et non alimentaires de 200000personnes, et à offrir à plus d’un million de personnes un meilleur accès à de l’eau potable.

Le CICR continue d’aider le Magen David Adom (l’équivalent d’une Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge en Israël), qui fournit les services d’ambulance et de soins médicaux d’urgence dans le nord d’Israël, comme partout ailleurs dans le pays.

Le Croissant-Rouge arabe syrien traite les réfugiés qui arrivent du Liban (les bilans font état de 150000 réfugiés). Il offre en priorité des services de distribution de vivres et d’eau, de soins médicaux, d’hébergement et de rétablissement des liens familiaux. À ce jour, on rapporte qu’environ 150000personnes ont trouvé refuge en Syrie, dont un tiers se sont déjà déplacées vers un autre pays. Selon le Croissant-Rouge arabe syrien, 90 % des réfugiés qui sont toujours en Syrie habitent maintenant avec des proches, des amis ou des familles d’accueil. Les autres logent dans des hôtels, des écoles ou des édifices publics.

Je veux maintenant attirer votre attention sur le rôle de la Croix‑Rouge canadienne.

Depuis le début de l’évacuation, la Croix-Rouge canadienne à collaborer étroitement avec les autorités provinciales désignées afin de planifier et de fournir des services d’accueil. Des bénévoles de la Croix-Rouge canadienne sont présents à l’aéroport de Montréal, qui est le premier point d’entrée des voyageurs qui rentrent du Liban, ainsi que dans d’autres villes canadiennes, dont Toronto, Ottawa, Calgary, Halifax, Edmonton, Vancouver et Victoria. Ils répondent aux besoins essentiels en matière d’hébergement, de vivres et de soutien psychosocial pendant 72 heures, pour permettre aux gens qui en ont besoin de faire le point sur leur situation personnelle.

Voici quelques chiffres fournis par notre composante opérationnelle la plus active:

  • Plus de 11 000 personnes évacuées sont arrivées.
  • Parmi celles-ci, 4 198 (soit 37 % du nombre total d’arrivants) ont reçu l’aide de la Croix-Rouge.
  • Plus de 500 bénévoles dûment formés de la Croix-Rouge canadienne participent à l’opération; ils offrent des services 24heures par jour, ce qui représente plus de 6 000 heures de service bénévole.
  • Nous avons organisé un hébergement dans 19 hôtels de Montréal et des environs.
  • 1 110 personnes évacuées se sont déplacées vers d’autres provinces et comme je l’ai mentionné plus tôt, la Croix-Rouge fournit une aide aux personnes qui devaient se rendre en Ontario, en Nouvelle-Écosse, en Alberta et en Colombie‑Britannique.

La Croix-Rouge canadienne continue d’amasser des fonds pour soutenir les opérations du CICR et appuiera l’appel révisé du CICR mentionné précédemment. Nous invitons le public à faire des dons en argent afin de répondre aux besoins urgents de la population touchée. À ce jour, le public canadien a donné environ 300 000 $, les entreprises ont versé 37 000 $, l’ACDI a contribué 500 000 $ et la province de l’Ontario a fait un don de 100 000 $.

Au fil des ans, à titre d’auxiliaire des pouvoirs publics, la Croix-Rouge canadienne a été un partenaire clé du gouvernement du Canada. Ce rôle unique et important est reconnu entre autres dans le droit international en vertu des Conventions de Genève et dans le droit canadien en vertu de la Loi constituant en corporation la Canadian Red Cross Society. Nous avons participé aux interventions humanitaires du Canada depuis la guerre des Boers et l’explosion d’Halifax jusqu’au tsunami de 2004 et à l’actuelle crise au Proche‑Orient. À titre d’auxiliaire des pouvoirs publics, nous cherchons à accroître la compréhension du public à l’égard du droit international humanitaire, ce qui comprend la promotion du respect du rôle protecteur de l’emblème de la croix rouge au Canada et à l’étranger. Nous soutenons aussi le gouvernement du Canada et les Canadiens en offrant des services de préparation aux catastrophes et d’intervention, en aidant les personnes évacuées et les réfugiés, et en planifiant les interventions en cas d’urgence, comme une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Malheureusement, nos services sont très en demande en raison des nombreux conflits et sinistres.

Nous aimerions prochainement avoir la possibilité d’établir un dialogue avec des parlementaires et des représentants du gouvernement sur notre statut en évolution constante d’« auxiliaire du gouvernement ». Nous croyons qu’il est temps de réexaminer cette relation et de la réviser afin de refléter les réalités actuelles et les scénarios d’intervention future. Ainsi, nous pourrons clairement définir les rôles et les responsabilités de chaque partie. Surtout, nous pourrons au pied levé aider et protéger les plus vulnérables d’entre‑nous.

Avant de répondre à vos questions, je désire réaffirmer que la Croix‑Rouge canadienne apprécie notre partenariat et respecte la confiance témoignée par le public et le gouvernement canadien. Nous croyons qu’avec plus de 110 ans d’expérience, nous offrons au gouvernement du Canada un moyen efficace pour fournir une aide humanitaire tout en permettant à la population canadienne de faire preuve d’empathie. Les valeurs de la Croix-Rouge sont identiques aux valeurs canadiennes. En faisant respecter nos Principes fondamentaux, nous sommes la Croix-Rouge au Canada. Mais nous sommes aussi la Croix-Rouge du Canada: toujours prête à démontrer son engagement à l’égard du service humanitaire.

Merci de votre attention.

La Croix-Rouge accepte les dons des Canadiens désireux d’aider. On peut faire un don en argent en ligne, composer le numéro sans frais 1-800 418-1111 ou communiquer avec son bureau local de la Croix-Rouge canadienne. Les chèques doivent être établis à l’ordre de la Croix-Rouge canadienne, porter la mention « Crise au Proche-Orient » et être postés au siège social de la Croix Rouge canadienne au 170, rue Metcalfe, bureau 300, Ottawa (Ontario) K2P 2P2.