Journal de délégué : À Balakot

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par Shehryar Sarwar

M. Sarwar est un travailleur de la Croix-Rouge canadienne basé dans la région du Pakistan touchée par le séisme. Il participe à des opérations d’urgence d’envergure fournissant de l’aide dont le besoin est pressant aux survivants du séisme du 8 octobre. Il nous rend compte de ses expériences dans le premier article de son journal.

15 octobre 2005

À mon premier jour au Pakistan, je me suis rendu à Balakot avec un groupe de collègues de la Croix-Rouge. Les abords de cette ville ressemblent à une carte postale : la route suit le cours d’une rivière sinueuse.

Mais la ville, qui comptait 250 000 habitants il y a une semaine, est la parfaite image de l’épicentre d’un violent séisme. On voit partout des maisons et des commerces détruits; il ne reste plus que des décombres, des pierres, de la boue séchée et du béton, dont l’armature d’acier pointe vers le ciel. Des véhicules ont été complètement écrasés sous de nombreux immeubles; on voit parfois un pare-choc ou un pneu dépasser.

Sur la rue principale de Balakot, nous croisons des enfants et des adultes aux regards hagards  qui nous regardent sans nous voir. Certains se promènent en fouillant dans les décombres alors que d’autres ne font qu’observer la scène avant de rentrer dans leurs villages.

Sur le bord de la route, on voit de tas de vêtements multicolores donnés par de bons samaritains. Les résidants sinistrés de la ville les ont abandonné tout de suite après qu’on les ait déchargé des camions de secours.

Les secours internationaux sont aussi omniprésents. L’hôpital de campagne de la Société du Croissant-Rouge des Émirats Arabes Unis, équipé d’un service des soins intensifs, d’un service de chirurgie, d’un service de radioscopie et d’une clinique de pointe, s’étend le long de la rivière à l’entrée de la ville. Dans le champ voisin se trouve la clinique de soins médicaux de base de la Croix-Rouge espagnole.

Un vrombissement continu émane de l’hélisurface de la base militaire voisine, d’où partent continuellement des hélicoptères faisant la navette entre la base et des hameaux se trouvant au sommet de montagnes avoisinantes.

Il y a d’autres installations médicales de l’autre côté de la ville. Nous devons nous frayer un chemin à travers un troupeau de mules transportant des couvertures vers des villages des montagnes où les routes sont encore fermées à la circulation.

Tout près de la clinique du Croissant-Rouge de Malaisie, j’aperçois une fillette de 7 ans. Je la regarde tandis qu’elle défait son bandage et les points de suture qui retiennent son gros orteil à son pied. Du pus et du sang suintent de sa plaie tandis que le fil se défait dans sa main.

Son père la regarde impuissant; ils semblent tous les deux en état de choc. Il raconte avoir perdu son fils et sa femme lors du séisme, alors que sa fille a évité la mort de justesse lorsqu’une feuille de zinc galvanisé du toit est tombée sur son pied.

Nous le persuadons d’amener sa fille de force visiter l’équipe médicale tout prêt. Je me demande combien de temps elle attendra avant d’enlever le nouveau pansement et que la gangrène se déclare.