À la découverte du droit international humanitaire : Perspective d’une non-juriste

Par Nicole O. Melanson, Croix-Rouge canadienne
 
Avec trépidation, je suis arrivée à l’Université d’Ottawa, où je participais au cours d’été intensif sur le droit international humanitaire (DIH). Pendant six jours, nous avons exploré les subtilités et les complexités du DIH et, en écoutant les propos des spécialistes invités, j’ai pris conscience du biais de privilège qui a influencé mes idées simplistes sur la moralité en contexte de guerre. J’ai constaté qu’il y a peu de situations où les choix n’ont pas de conséquences.
 
En guise de reconnaissance aux formateurs et formatrices, aux juristes, aux animateurs et animatrices et aux intervenantes et intervenants ayant partagé leurs connaissances, je vous propose mon palmarès des cinq leçons les plus importantes tirées de cette expérience.

 
Leçon 1 : La tragédie humaine des conflits armés est incontestable.

Le DIH est un ensemble de règles qui visent à atténuer et à prévenir la souffrance humaine lors de conflits armés. Il cherche à réduire l’impact de ces conflits et à préserver la dignité des personnes touchées — par choix ou non — par ces conflits.
 
En effet, peu importe les affiliations politiques, géographiques ou autres, les populations touchées peuvent subir de graves traumatismes dont les séquelles persisteront pour des générations.

 
Leçon 2 : La compassion et la raison s’allient dans l’application du DIH.

Adoptés en 1949, les Conventions de Genève sont le fondement du droit international humanitaire contemporain — un résultat direct des injustices observées pendant la Deuxième Guerre mondiale.
 
Appuyés par leurs Protocoles additionnels et divers autres traités et statuts ratifiés depuis, ces textes juridiques énoncent entre autres les gestes interdits en situation de conflit armé, dont le recrutement d’enfants soldats. Le DIH défend notre humanité collective selon une définition généralement reconnue par la communauté internationale.
 
Si cette compassion est essentielle, nous ne pouvons pas pour autant porter jugement ni nous laisser aveugler par nos émotions. Cette vérité peut être difficile à accepter quand les faits, le droit ou même notre vécu ne concordent pas avec nos attentes d’un monde en paix.

 
Leçon 3 : Le respect du DIH est possible.


De la même façon que le droit au Canada définit les comportements illégaux afin que nous puissions vivre dans une certaine mesure d’ordre et de sécurité et nous donne un recours à la justice, le respect du DIH repose sur une volonté sincère des diverses parties prenantes à y adhérer.
 
Ces parties prenantes comprennent les États signataires des Conventions de Genève, les organisations internationales (dont les Nations Unies) auxquelles de nombreux pays sont membres, ainsi que plusieurs organismes non gouvernementaux comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
 
Notons que le DIH s’applique aux actions posées par les parties au conflit armé, soit les personnes qui prennent part aux hostilités et les personnes qui les dirigent (p. ex. les hauts gradés de l’armée). Il est donc crucial de sensibiliser la population touchée et les acteurs clés au DIH pour qu’ils puissent agir de bonne foi et demander le respect de leurs droits.

 
Leçon 4 : La neutralité de la Croix-Rouge est essentielle dans l’application du DIH.


La vocation du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (le Mouvement), incluant la protection de ses emblèmes (c’est-à-dire la croix, le croissant et le cristal rouges) est consacrée dans les Conventions de Genève; en tant que partie neutre, sa mission est claire : venir en aide aux personnes touchées par un conflit armé, peu importe leur rôle au sein du conflit et sans égard à toute autre caractéristique fondée sur leur identité (p. ex. le genre, la nationalité, la race ou la religion).
 
Cette neutralité permet au CICR d’avoir accès aux populations civiles et aux personnes privées de liberté afin de leur offrir une aide humanitaire critique.
 
Ce principe fondamental du Mouvement sous-entend la nécessité de collaborer avec toutes les parties impliquées dans un conflit armé, peu importe si elles se conforment ou non au DIH ou aux principes fondamentaux régissant les droits de la personne — une réalité qui pourrait ne pas correspondre avec notre vision idéalisée du travail humanitaire.
 
Par conséquent, dans ce contexte, il ne faut pas confondre la neutralité avec « une complaisance face à la souffrance » (traduction libre de la déclaration de la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljari).

 
Leçon 5 : Nous pouvons appuyer les objectifs du DIH.

En cette ère numérique, nous sommes bombardés de photos, de vidéos, de demandes de soutien et d’analyses plus ou moins journalistiques. Si, au Canada, nous sommes à l’abri des hostilités, nous sommes tout de même visés par des campagnes de désinformation, et cette distorsion virtuelle peut nous empêcher de comprendre la réalité des parties prenantes sur le terrain.
 
D’ailleurs, les enjeux liés à la technologie, à l’intelligence artificielle et au cyberespace prennent de l’ampleur à un rythme effréné. Comme individus, nous avons donc un devoir d’utiliser les médias socionumériques de façon judicieuse pour contribuer au respect du DIH et éviter toute participation involontaire à un conflit.
 
Pour en apprendre davantage à ce sujet, consultez les sites Canada.ca et HabiloMédias.
 

Présenté conjointement par la Croix-Rouge canadienne et le Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne, le cours d’été sur le droit international humanitaire célèbre en 2023 son 15e anniversaire.

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