Ruth Hamilton

Deuxième enfant issu de l’union entre William Larmour et Nellie Slack, Ruth Isabelle Larmour a vu le jour à Ottawa le 12 août 1915. Dès la tendre enfance, sa vie a été marquée par la tragédie. En 1918, alors que la petite Ruth n’avait que 3 ans, sa mère a succombé à la grippe espagnole. À cette époque, on avait coutume d’envoyer les enfants sans mère vivre chez des proches, ce qui impliquait parfois toute une série de déménagements. Ce fut le cas des enfants de la famille Larmour : Ruth et son grand-frère ont été hébergés chez une grand-tante tandis que leur grand-mère maternelle a pris en charge la benjamine.

Quelques années plus tard, son père s’est remarié et la jeune Ruth a pu regagner le foyer familial. Son retour à la maison a coïncidé avec la naissance d’une nouvelle petite sœur, événement qui a une fois de plus changé les dynamiques de la vie familiale. Tout au long de ces années formatrices, la belle-mère de Ruth a inculqué aux enfants un grand sens de l’autodiscipline, qui n’a plus jamais quitté Mme Hamilton.

De nos jours, on imagine difficilement la misère qu’ont connue les personnes qui ont vécu pendant la Grande Dépression. Monsieur Lamour étant au chômage, la famille devait se contenter de revenus bien modestes. Dans de telles conditions, la frugalité, la débrouillardise, l’autonomie et la générosité ne pouvaient qu’être de mise. À l’époque, Mme Hamilton travaillait dans un grand magasin d’Ottawa, où elle enseignait le tricot et créait des patrons. Sur les 12 $ qu’elle touchait chaque semaine, Mme Hamilton remettait 8 $ à sa belle-mère pour le loyer et les repas.

En 1940, Mme Hamilton a épousé un aviateur du nom d’Alwyn Seeman. Le monde était en guerre et comme des milliers d’autres personnes, les époux ont été mutés un peu partout au pays, à divers ports aériens. Le couple a vite accueilli au monde une petite fille, Ruth Mary, qui a malheureusement perdu la vie à l’âge de trois mois, victime de ce que l’on nommerait aujourd’hui le syndrome de mort subite du nourrisson. Le décès tragique de son unique enfant a laissé un grand vide dans la vie de Mme Hamilton, qui ne serait jamais comblé.

De retour à Ottawa à la fin de la guerre, son mari a trouvé la mort lors d’un exercice d’entraînement aérien en 1946. Une fois de plus, le deuil est venu façonner la personnalité de Mme Hamilton qui n’a fait que gagner en ténacité et en détermination. Ces douloureuses épreuves ont posé les pierres sur lesquelles s’est bâti un caractère résolument indépendant et résilient. Durant sa carrière de secrétaire parlementaire, elle a été au service de nombreux députés, ce qui lui a permis de faire la rencontre de William Hamilton, un député de Montréal qui est devenu son mari en 1954. Au lendemain du tournant conservateur de 1957, son mari a été nommé ministre des Postes au sein du cabinet Diefenbaker.

La vague ayant porté les conservateurs au pouvoir en 1957 s’est retirée lors de leur défaite aux élections de 1962. Mme Hamilton et son époux sont alors partis de Montréal pour s’installer à Vancouver, où ils ont mené une vie heureuse, prospère et relativement calme. Pendant ces années, Mme Hamilton a généreusement consacré son temps au travail bénévole, généralement auprès de personnes atteintes de déficiences physiques.

Mme Hamilton est redevenue veuve en 1989. Elle s’est beaucoup occupée de son mari dans les dernières années de sa vie, qui ont été marquées par l’infirmité causée par une insuffisance rénale. En 1994, elle est revenue seule à Ottawa afin de se rapprocher de sa famille et de ses amis d’école. Mme Hamilton s’est récemment éteinte à l’âge de 96 ans. En prévoyant un legs testamentaire, elle s’est assurée, avant de nous quitter, de continuer à offrir de l’aide aux personnes dans le besoin au cours des années à venir.