Marie-Lise Chicoine, médecin résident en médecine familiale, a vécu ce qu’on croit qui n’arrive qu’aux autres : un incendie a détruit l’immeuble où elle habitait. Après avoir reçu l’aide de la Croix-Rouge, voici le message qu’elle nous a fait parvenir. Elle y raconte son histoire et explique pourquoi elle veut devenir bénévole en intervention d’urgence.
Les petites bêtes de Marie-Lise.Le matin de ce qui devait être mon premier jour de bénévolat dans une maison de soins palliatifs, ce n'est pas mon cadran qui m'a réveillée, mais l'alarme de feu. L’immeuble résidentiel où je venais de déménager il y a à peine deux semaines a pris feu. Ce matin-là, j'étais à la rue, avec sous le bras, mon chien et mon chat...
« Évidemment », je n'avais pas pris le temps de m'assurer... C'est donc avec grande inquiétude que je suivais, impuissante, l'évolution du feu. Ce n'était pas ainsi que j'avais espéré faire la connaissance de mes voisins...
La Croix-Rouge est arrivée sur les lieux. Le message s'est rapidement transmis : « La Croix-Rouge est là pour vous prendre en charge. » Vu la situation, c'était un vrai soulagement !
Les bénévoles nous ont proposé de prendre place à l'intérieur d’un autobus. Être à l’abri de la pluie et du vent était bienvenu.
On m'a offert réconfort et nourriture. Plusieurs de mes voisins avaient l'estomac noué par les émotions, je les comprends ! Quant à moi, je n'avais encore rien avalé : ce déjeuner-surprise tombait à point. D'autant plus que, sans carte ni argent, je ne pouvais aller bien loin !
Puis, les bénévoles se sont assis avec chacun des locataires pour évaluer nos besoins. On m'a offert logis, couverture, nourriture, vêtements... et une trousse d'hygiène. C'est de l'or pour un sinistré !
Cette journée-là, dans cette chambre d'hôtel, j'ai pu m'endormir, le cœur gros d'émotions, mais sachant que je pourrais me concentrer sur d'autres choses urgentes, maintenant que mes besoins de base étaient satisfaits. La couverture-polar reçue plus tôt dans la journée avait un effet étrangement rassurant.
Aujourd'hui, mes amis ont pu prendre la relève. En peu de temps, j'étais déménagée et il ne me restait qu'à faire lavage après lavage pour tenter de récupérer mon linge et mes autres effets endommagés par l'eau des pompiers.
On entend régulièrement parler de La Croix-Rouge et de ses bénévoles dans diverses situations et catastrophes à travers le monde. Mais voilà que la Croix-Rouge a volé à mon secours à moi ! On m'a apporté du soutien et des solutions au moment où, pendant un instant, j'ai eu l'impression d'avoir tout perdu.
Je me permets maintenant d'offrir mon temps aux gens qui, comme moi, auront vu leur vie chamboulée par un désastre. Je veux pouvoir redonner à mes concitoyens le même service qu'on m'aura rendu, alors que j'en avais le plus besoin...
Merci encore.
Marie-Lise Chicoine
Médecin résident en médecine familiale