Nicolas au Nunavik pour la prévention de la violence et de l'intimidation

nicolas-600.jpgÇa fait presque deux ans que je travaille en prévention de la violence et de l’intimidation pour la Croix-Rouge, et je commence tout juste à comprendre. Une grande réalisation à deux heures du matin, dans mon sommeil agité rendu quelque peu comique par le fait que mon lit était sur roulettes.

Du contexte serait de mise. Je suis au Nunavik, Terre des Inuits, l’un des lieux les plus uniques et particuliers du Canada. C’est aussi un lieu où le décrochage scolaire et les incidents de violence défoncent les moyennes nationales. Dans quelques heures, la glace brillera sous un nouveau soleil, et je commencerai mon atelier de deux jours à Quaqtaq. Il s’agira de la dernière escale d’une tournée de trois villages, et d’une première pour la Croix-Rouge au Québec.

À la veille de chaque nouvel atelier, c’est comme une première journée d’école, avec les papillons qui vont avec. Cette animation me paraît particulièrement redoutable, puisque les activités auront lieu dans le gymnase, pour tous les niveaux. De ma perspective d’animateur, le gymnase est ma bête noire. Mes cordes vocales sont froissées à l’idée. Tout de même, le directeur veut que tout le monde y participe, et il a raison sur ce point. Tout le monde devrait participer à ce genre d’ateliers qui visent à sensibiliser, à partager, et surtout à encourager des interventions efficaces lorsqu’on est témoin d’une situation d’intimidation.

Avant d’atterrir à Quaqtaq, je venais de boucler ma deuxième journée de formation dans une autre communauté, et je quittais avec beaucoup de matière à réflexion. Plus tôt, pendant un travail de groupe, la directrice était passée, voulant me glisser un mot à l’extérieur de la classe. J’ai su, à ce moment, pourquoi une étudiante du groupe, pourtant motivée la veille, n’était plus là. Elle s’était fait battre par une collègue de classe et la sévérité de ses blessures avait nécessité une évacuation par avion. La police était impliquée, et des menaces avaient été faites sur Facebook. Dans le corridor, deux cœurs lourds. 

« Est-ce que tu pourrais en parler avec les étudiants? » Dans les petits villages, tout se sait. « En passant, la sœur de l’élève est dans ton groupe. »

Quand je pense à l’intimidation, l’usure de compassion n’est pas loin derrière, cette idée où la surexposition – médiatique ou véritable – à une situation difficile peut mener au cynisme, ou même à une diminution de l’empathie. Heureusement pour moi, le défi que pose l’animation de ces ateliers me permet chaque fois de renouveler ma compréhension de ce travail que je juge si important.
Ça fait presque deux ans que je travaille en prévention de la violence et de l’intimidation pour la Croix-Rouge, et je commence tout juste à comprendre.

Nicolas Nadeau
Coordonnateur senior ÉduRespect, prévention de la violence et de l’intimidation

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