Le 7 septembre 2010

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Aujourd’hui, nous sommes allés à une enceinte où se trouvait un ancien collège qui s’était évidemment détérioré au fil du temps. L’édifice avait été construit en ciment blanc et le sol était couvert de poussière brun pâle. Au milieu de ce paysage morne, nous avons soudain été éblouis par les couleurs vives de tissus violets, orangés et bleus, alors que les femmes de la collectivité se réunissaient pour nous accueillir.

Les personnes que nous avons rencontrées sont vraiment généreuses et charitables. Encerclée par des femmes, j’écoute leurs anecdotes concernant l’endroit où elles habitaient avant les inondations et la transformation de leur vie depuis qu’elles habitent dans cette enceinte. La structure de l’édifice n’est plus solide. Les femmes se mettent à l’ombre de l’édifice pendant la journée, mais passent la nuit dans les champs. Près de moi, dans la poussière, se trouvent un lit confectionné de bois, des pots en céramique et une chèvre à côté du lit. C’est ici que demeurent ces personnes maintenant et elles y resteront (croient-elles) de six mois à un an au moins. Les femmes demandent, en particulier, que nous leur fournissions des moustiquaires. Il est, bien sûr, inquiétant pour ces mères de dormir à la belle étoile, sans abri, dans une région où la malaria est présente. Je m’empresse d’informer l’équipe de secours de ce besoin. Tandis que les femmes me font part de leurs besoins et des répercussions des inondations sur leurs familles et leurs collectivités, une femme tend la main vers ma joue et repousse doucement de fines mèches de cheveux qui sont tombées sur mon visage. Malgré leurs propres difficultés, elles se dérangent pour m’accueillir et me mettre à l’aise. Leurs yeux, rivés vers moi, sont remplis de compassion et de bienveillance.

Pendant que je causais avec ces femmes, l’équipe médicale a évalué le terrain, trouvé un endroit ombragé et monté les tentes. L’équipe a aménagé l’espace en un secteur d’inscription et d’attente, un secteur réservé aux patientes et un autre aux patients, ainsi qu’un secteur pour la pharmacie. La rapidité et la coordination de l’équipe médicale m’impressionnent. En moins d’une heure, elle est complètement installée et a commencé à recevoir des patients.

Le lendemain, nous avions planifié d’aller à Jacobabad pour y mener une évaluation. Selon les rumeurs, la route était enfin praticable après avoir été submergée, cependant, lorsque nous sommes arrivés, il n’y avait qu’une étendue d’eau à perte de vue. Les travailleurs essayaient de construire une nouvelle route et avaient fait certains progrès, mais à un endroit particulièrement important, tout avait été emporté par la force du courant. Il n’y avait aucun moyen de contourner cet obstacle – il ne restait qu’à attendre la décrue des eaux. À cette impasse, près de 700 personnes déplacées attendaient désespérément un bateau qui les ramènerait chez elles. Certaines attendaient depuis trois jours et le coût du trajet, d’une durée de 25 à 45 minutes, était passé de 50 à 3 000 roupies. D’après ce que certaines nous ont dit, elles ne savaient pas ce qui les attendait à la maison, mais préféraient rentrer plutôt que de continuer de dormir au bord de la route, sans avoir de vie privée ni de commodités. Imaginez la scène : vous conduisez votre voiture et voyez des centaines de personnes réfugiées dans des abris de fortune le long de la route, qui attendent tout simplement de pouvoir rentrer chez elles. Même si les pluies ont cessé, les inondations continuent de toucher gravement des centaines de milliers de personnes. Certaines ne peuvent pas rentrer à la maison, d’autres sont déplacées pour la première fois au fur et à mesure que les eaux de crue avancent. Toutes font face à l’incertitude et à la vulnérabilité. À quoi seront-elles confrontées lorsqu’elles pourront rentrer chez elles? Comment rebâtir quand on a tout perdu : son domicile, ses cultures, son bétail et les membres de sa collectivité?

Cette catastrophe a des répercussions à tellement de niveaux que les effets s’en feront ressentir pendant des mois et des années, bien après la décrue des eaux.

Cordialement,

Bre