Aller à la rencontre des gens

 par Ali Paul et Sonja Ruthe

Il y a quelques semaines, nous étions dans un univers assez différent. Nous fournissions du soutien psychosocial dans un camp de transition pour réfugiés, situé dans la collectivité de Feldkirchen, près de Munich, en Allemagne. Nous faisions partie d’une équipe de la Croix-Rouge canadienne qui était venue prêter main-forte à la Croix-Rouge allemande. C’est là que nous avons pu être témoins du pouvoir de Ali et Sonjal’humanité, de la résilience et du courage des réfugiés qui arrivaient au camp, ainsi que des effets dévastateurs du conflit qui sévit dans leurs pays d’origine et des traumatismes qu’ils ont vécus pendant leur long périple.
 
L’unité psychosociale avait comme objectif d’aller à la rencontre des bénéficiaires, peu importe où ils se trouvaient : dans les autobus qui les amenaient au camp, dans les aires d’attente ou la zone d’inscription du camp, dans la tente de triage, à la cafétéria, dans l’espace de jeu où les enfants dessinaient ou jouaient au soccer, ou bien à la sortie du camp, au moment de leur départ. Nous allions vers eux pour leur fournir du soutien moral et du secourisme psychologique, pour assurer leur sécurité tout en respectant leur autonomie et pour les aider à retrouver des membres de leur famille.
 
Nous espérions que ces petits gestes leur permettraient de retrouver un certain sentiment de contrôle et les aideraient dans leur quête de liberté et de sécurité.
 
Trois semaines après l’ouverture du camp d’une capacité de 5000 personnes, près de 17 000 réfugiés avaient entamé les procédures de demande d’asile en Allemagne. Avec nos collègues, nous avons été les témoins privilégiés de manifestations tangibles de compassion. Nous avons vu des bénéficiaires fournir des services de traduction avant même de voir à leurs propres besoins; nous avons aidé à convaincre un homme gravement malade de se reposer une nuit avant de continuer son long voyage; nous avons pleuré de joie quand les membres d’une famille qui avaient été séparés pendant des décennies se sont retrouvés à l’entrée du camp. Et nous avons eu des discussions bouleversantes avec des hommes dont la femme et les enfants étaient morts pendant la traversée de la Méditerranée, et des femmes qui avaient dû laisser leur mari et leurs enfants derrière elles.
 
Nous avons accueilli à bras ouverts des bénévoles du Croissant-Rouge provenant de pays touchés par le conflit quand ils sont arrivés au camp en portant fièrement notre emblème. Nous avons ressenti une bouffée de bonheur quand une fillette habillée en girafe est soudainement apparue, rayonnante de fierté et de confiance en elle. Nous avons réconforté un garçon de seize ans qui avait pris soin de son petit frère de dix ans pendant le voyage qu’ils ont dû effectuer seuls de l’Afghanistan.
 
Au camp, nous nous sommes réjouis de voir des enfants pouvoir enfin profiter de leur enfance en coloriant et en jouant au soccer. La résilience de ces personnes n’a jamais cessé de nous impressionner.
 
Tous ces moments que nous avons vécus ensemble nous ont marquées, et nous sommes revenues au pays changées à jamais. En voyant comment ces gens ordinaires s’adaptent chaque jour à des circonstances extraordinaires, nous avons décidé de faire preuve de la même détermination. Nous n’oublierons jamais ce que nous avons vécu en Allemagne, et nos souvenirs continueront de nous motiver dans notre travail pour la Croix-Rouge canadienne, ici au Canada.

Quand elles ne sont pas en mission humanitaire pour la Croix-Rouge, Ali Paul et Sonja Ruthe sont travailleuses sociales à Victoria, en Colombie-Britannique.

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