À première vue, la vie au camp d’Azraq, dans le nord-est du désert de la Jordanie, semble paisible bien que rudimentaire. Les enfants courent et jouent dans les rues, les parents font des courses au supermarché et les activités sociales et religieuses se multiplient au fur et à mesure que les familles nouent des liens avec leurs voisins. Certains résidants récupèrent doucement de blessures persistantes ou de maladies chroniques. On les voit marcher à l’aide de béquilles ou s’appuyer sur d’autre équipement médical.
D’autres blessures sont plus difficiles à voir, mais peuvent néanmoins avoir un impact dévastateur sur la vie des gens atteints, de leur famille et de leur communauté. Certains réfugiés ont enfoui leurs traumatismes en eux, ce qui peut entraîner des maux de tête, des douleurs d'estomac ou de l’insomnie. D’autres craignent d’être stigmatisés par leurs problèmes de santé mentale et préfèrent cacher leur souffrance. Plusieurs d’entre eux risquent de développer des problèmes physiques et mentaux qui les tourmenteront pendant des années. C’est pourquoi la réponse aux besoins en matière de santé mentale d'une communauté traumatisée est une partie essentielle des soins médicaux offerts aux réfugiés comme ceux du camp d’Azraq.
« Nous diagnostiquons souvent des cas de dépression lorsque les traumatismes psychologiques se transforment en symptômes physiques chez les patients. Nous traitons également des patients qui se sont blessés eux-mêmes ou qui ont fait une tentative de suicide », explique Eeva Matsuuke, infirmière en chef de l'hôpital, membre du personnel de la Croix-Rouge finlandaise.
« La première étape des soins psychologiques est l'écoute empathique. Les membres de notre équipe doivent d’abord être prêts à écouter les personnes qui ont vécu des expériences horribles et à les traiter dans un deuxième temps. »
Les patients de l'hôpital de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge proviennent essentiellement de trois villes de la Syrie : Deraa, Alep et Homs. Ces trois communautés ont subi des combats intenses, des sièges et des bombardements au cours des dernières années. Un grand nombre de résidants du camp d'Azraq ont été témoins d'atrocités ou ont été eux-mêmes victimes de violence. Certains ont perdu des êtres chers, des collègues ou des voisins. Tous ont perdu leur maison, temporairement ou de manière permanente, et la plupart ont dû entreprendre un voyage difficile pour quitter la Syrie en se déplaçant parfois pendant des mois ou des années pour recommencer leur vie pour une deuxième, une troisième ou une quatrième fois en tant que réfugiés en Jordanie.
Pour mieux identifier, traiter et suivre les patients qui ont besoin de soutien, le personnel de l’hôpital s’appuie sur la reconnaissance précoce des besoins et la continuité des soins. « Notre objectif est d’avoir une personne ressource en santé mentale pendant chaque quart de travail pour nous assurer que les patients obtiennent l'aide nécessaire. De plus, tout le personnel médical est formé pour offrir un soutien psychosocial aux patients dans le besoin », ajoute Matsuuke. « Nous travaillons également avec des ressources d’aide primaire au sein des villages du camp, afin de mieux soutenir nos patients lorsqu’ils retournent dans leur communauté. »
L'hôpital d’Azraq pour les réfugiés syriens est soutenu par le département de l’aide humanitaire et la protection civile de la Commission européenne (ECHO) et par les gouvernements du Canada et de l'Italie. Il est opéré par du personnel des sociétés de la Croix-Rouge canadienne, finlandaise, allemande et norvégienne en collaboration avec du personnel médical, technique et de soutien de la Jordanie.
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