Annoncer à une maman que son fils est vivant

Les bénévoles de la Croix-Rouge ont vécu les premières heures de la terrible tragédie de Lac-Mégantic aux côtés des sinistrés. Ils les ont accompagnés, écoutés, aidés. Ils ont aussi vécu avec eux des moments déterminants. Jérôme fait partie de ces bénévoles. Et Mme Lavallée compte parmi les sinistrés. Voici leur histoire.

Mme Lavallee et Jerome Mme Lavallée et Jérôme

Jérôme, responsable informatique dans une école, connaît bien la Croix-Rouge. Avant de faire partie de l’équipe bénévole d’intervention d’urgence à Québec, il était secouriste pour la Croix-Rouge française.

« J’aime ce que je fais », dit-il en pensant au rôle qu’il joue au sein de l’organisation. Jérôme est arrivé à Lac-Mégantic le dimanche soir, 7 juillet. « J’ai rapidement été en contact avec les personnes évacuées puisque je m’occupais du centre d’hébergement. »

Parmi les personnes évacuées ayant trouvé refuge au centre se trouve Mme Lavallée, une résidante de Lac-Mégantic qui habite seule avec sa petite chienne, Jade. Le fils unique de Mme Lavallée habite également à Lac-Mégantic. Le soir de la catastrophe, Mme Lavallée était chez sa belle-sœur. Elles ont d’abord entendu un gros « boum », sans pour autant s’en inquiéter. Au second « boum », elles ont compris que quelque chose n’allait pas. Mme Lavallée est alors sortie pour voir ce qui se passait.

Dans son empressement, elle n’a pas pris le temps de mettre ses chaussures. « Je me rappelle que j’étais paniquée. Déjà, il y avait du monde partout dans la rue. C’était comme dans un film… Quand j’ai ouvert la porte, il y a eu une vague de chaleur et au loin, j’ai vu des flammes. Mes yeux chauffaient et je me suis brûlé les pieds tellement le balcon était chaud. » Tout de suite, elle a alerté les membres de sa famille dans la maison. « Je savais qu’il fallait qu’on parte sur-le-champ! Je l’ai senti… »

Une fois dans la rue, Mme Lavallée s’est rappelé que Jade, sa petite chienne, était restée dans la maison. Elle est donc retournée la chercher chez sa belle-sœur. « Je lui ai sauvé la vie! On est reparties ensemble et ça m’a donné du courage. » Elle ne se souvient plus combien de temps elle a marché sous la pluie, pieds nus. En arrivant à la polyvalente, là où tout le monde était rassemblé, les responsables ont décidé d’envoyer Mme Lavallée à l’hôpital pour y faire soigner ses pieds.

Le lendemain, de retour à la polyvalente, elle entend dire que des personnes sont portées disparues. Tout de suite, elle tente de joindre son fils de qui elle est sans nouvelles. « Quand j’ai compris l’ampleur de la catastrophe, j’ai pensé à lui. Je voulais savoir s’il était correct. » Après plusieurs tentatives, toujours rien. « J’étais inquiète, je n’arrivais pas à le joindre et je savais qu’il avait l’habitude d’aller au Musi-Café. » Dimanche, dans la journée, le nom de son fils a été ajouté à la liste des personnes manquant à l’appel.

Dimanche soir, Jérôme était en poste à l’accueil du centre d’hébergement. Il devait s’assurer, afin de préserver la dignité des sinistrés, qu’aucune personne qui n’y avait pas d’affaires n’entre dans le centre. Deux hommes se sont présentés à l’accueil en demandant s’ils pouvaient voir Mme Lavallée. « J’ai vérifié le registre et son nom était bien là. Je suis ensuite allé voir dans le dortoir. Elle était là et dormait», raconte Jérôme.

Un des deux hommes, après avoir entendu l’explication de Jérôme, lui annonce : « Nous avons retrouvé son fils. Il est en vie. » Jérôme décide alors d’aller doucement réveiller Mme Lavallée pour lui annoncer la bonne nouvelle. Mme Lavallée ne comprenait pas pourquoi on la réveillait : « Je ne savais pas si c’était le jour ou encore la nuit. Quand j’ai vu qu’il faisait toujours noir, j’ai tout de suite pensé que quelque chose de grave était arrivé… » Puis Jérôme lui a annoncé que son fils avait été retrouvé. « J’ai pleuré de joie. J’étais tellement soulagée! Mon fils était vivant. Ce n’est pas tout le monde qui a eu la même chance que moi, j’en suis consciente », admet Mme Lavallée. Jérôme ajoute : « C’était un grand moment d’émotion pour tout le monde puisque l’incendie faisait encore rage à ce moment. »

Par la suite, pendant la semaine, quand Mme Lavallée et Jérôme se revoyaient, ils se prenaient dans leurs bras. Avant de quitter le centre, le vendredi, Mme Lavallée est passée dire au revoir à Jérôme. Elle se dit très choyée d’avoir pu compter sur l’aide de la Croix-Rouge et elle tient à remercier tous les bénévoles qui l’ont soutenue.

« On a bien pris soin de moi. On s’est toujours assuré que je ne manquais de rien. Tous les matins, les bénévoles me souriaient, me demandaient si j’avais bien dormi et me souhaitaient une bonne journée. Ça me faisait du bien, parce que je savais que je n’étais pas seule… »

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