« Juste d’en parler, ça fait du bien »

Sujets: Québec, Situations d'urgence et catastrophes au Canada
19 juillet 2013

Gérard et Monique sont mariés depuis près de 40 ans. Ils habitent sur la rue Champlain, à Lac-Mégantic, à quelques mètres du chemin de fer. Leur maison est située dans la zone rouge, évacuée depuis la terrible nuit du déraillement de train.

Gérard raconte : « Quand c’est arrivé, je me levais pour aller à la salle de bain. J’entendais le train s’en venir... Je me suis dit : ça ne se peut pas que le train s’en vienne si vite que ça. Je pensais que c’était un avion qui allait s’écraser. » Il est retourné se coucher et c’est à ce moment qu’il a vu une grosse boule de feu. « Ça m’a brûlé. À l’intérieur de la maison, on a senti une chaleur, jusque dans notre lit. Ma femme s’est réveillée. Elle a dit : je vais aller fermer la fenêtre. » Elle pensait que c’était le tonnerre. La manivelle pour fermer la fenêtre était brulante. Gérard a alors crié à sa femme : « Va réveiller notre gars, il faut sortir d’ici! » La première réaction de Monique a été de sortir, de prendre le boyau d’arrosage et d’arroser la maison parce que le revêtement fondait... « Je lui ai crié de laisser faire ça et de prendre l’auto. Moi, je suis allé réveiller le voisin d’en face. Après, j’ai aidé à évacuer la résidence pour personnes âgées à côté de chez moi. »

Gérard est finalement arrivé au centre d’accueil et d’information géré par la Croix-Rouge à 9 h le matin, soit près de 8 h après le début de la catastrophe. « Je suis resté tout ce temps sur le site, pour aider les gens à sortir. On m’a demandé si j’ai eu peur. Non. J’étais sur l’adrénaline... » Il a appris l’ouverture d’un centre à la polyvalente Montignac en regardant la télévision. On y demandait entre autres à toutes les personnes évacuées d’aller s’inscrire. « J’ai dit au monde avec qui j’étais : si vos familles vous cherchent, au moins, vos noms seront sur la liste. » Et ils se sont tous rendus au centre.

À leur arrivée, ils ont été accueillis par des bénévoles de la Croix-Rouge. Et Gérard a un message pour eux : « Je vous lève mon chapeau! C’est la première fois que je voyais ça. Quand on n’a jamais vécu de sinistre, on ne sait pas comme ça se passe. Chapeau, vous avez toute une équipe! L’entraide qu’il y a ici, c’est remarquable. » Et il poursuit : « Si les bénévoles voient qu’on ne va pas bien, ils viennent nous parler. Vous savez, des fois, juste de parler, ça fait du bien. Comme ma femme, elle est plus marquée que moi... Là, ce matin, l’adrénaline a lâché et elle pleure plus. Il y a une bénévole que j’ai vue deux fois dans la même journée. Je l’ai vue le matin et, l’après-midi, elle est revenue me voir en me demandant : Comment ça va? On a jasé. »

Et malgré tout ce qu’il vient de vivre, il termine son récit par un grand éclat de rire. En date du 19 juillet, les personnes évacuées des zones jaune et rouge n’ont toujours pas reçu l’autorisation de rentrer à la maison. Le secteur est encore trop dangereux et plusieurs des personnes évacuées ont tout perdu. La Croix-Rouge veille à leur bien-être et leur offre une aide d’urgence visant à combler leurs besoins essentiels d’alimentation, d’habillement et d’hébergement. Les bénévoles demeureront sur place aussi longtemps qu’il le faudra pour venir en aide à toutes les personnes touchées par cette catastrophe. Et pour continuer de les écouter.

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