L'après-guerre : de 1946 à 1989

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Croix-Rouge canadienne ne perdit pas de temps à consacrer toute son énergie, de nouveau, aux services de santé publique. Les anciens projets tels que les hôpitaux en régions éloignées, les cours de secourisme et de soins infirmiers à domicile, la Croix-Rouge jeunesse, les opérations de secours en cas de sinistres, les services portuaires et les services destinés aux anciens combattants hospitalisés s’étaient poursuivis pendant la guerre et subsistèrent après celle-ci. Le Corps de la Croix-Rouge canadienne se mit à participer aux activités locales et provinciales de la Croix-Rouge. Les bénévoles continuèrent de tricoter et de coudre des vêtements ainsi que de préparer des fournitures médicales, et ces articles furent distribués auprès des civils canadiens ou des sinistrés à l’échelle internationale. Vers la fin des années 1940, la Croix-Rouge canadienne s’engagea dans deux voies qui viendraient à caractériser ses activités d’après-guerre : la sécurité aquatique et le tout nouveau Service de transfusion sanguine en temps de paix. La Croix-Rouge canadienne tâcha de réduire les risques encourus par le public s’adonnant à des loisirs dans l’eau et près de l’eau en lançant un programme qui engloba des cours de natation, des cours de sauvetage et des campagnes de sensibilisation. Pendant la guerre, le programme de dons de sang à l’intention des soldats avait si bien fonctionné qu’il eût été dommage de ne pas implanter de programme semblable en temps de paix pour l’ensemble de la population. Puisque la santé relevait de la compétence du gouvernement provincial, il fallut plusieurs années pour conclure des accords avec chacune des provinces quant à la structure, la gestion et le financement du programme. Petit à petit, sous la direction habile du Dr W. Stuart Stanbury, un système national de collecte et de distribution du sang (gratuit pour les bénéficiaires) vit le jour. La possibilité d’intégrer les transfusions à la pratique médicale au Canada rendit possible tout un éventail de nouveaux traitements dans les hôpitaux. À la même époque, nombre des sections locales et provinciales de la Croix-Rouge lancèrent des programmes de prêt d’équipement médical, permettant ainsi aux Canadiens en convalescence à la maison d’emprunter pendant une courte période des béquilles, des fauteuils roulants et autres articles en ce genre.

Dès la fin des années 1940, la Croix-Rouge canadienne avait tracé les grandes lignes de son travail d’après-guerre qui, hormis quelques changements notables en cours de route, demeura assez stable au cours des décennies suivantes. L’union de Terre-Neuve et de la Confédération en 1949 entraîna la fondation d’une nouvelle section provinciale de la Société canadienne de la Croix-Rouge. Tandis que le gouvernement élargissait la portée de ses programmes de soins de santé, on ferma peu à peu les portes des dispensaires ou on transféra ces derniers vers les collectivités (conformément à l’intention initiale). Les auxiliaires familiales se mirent au service des personnes âgées et des malades. Le Bureau des renseignements qui, en temps de guerre, s’était occupé de mener des recherches afin de retrouver la trace des soldats portés disparus fut converti en Service de recherches et de réunion qui aida les clients à rétablir le lien tout d’abord avec des personnes que la guerre avait entraînées en Europe, puis avec des proches au Canada ou à l’étranger dont ils avaient perdu la trace en raison d’une guerre, d’une catastrophe naturelle ou de tout autre bouleversement. Pendant la guerre de Corée (de 1950 à 1953), la Croix-Rouge canadienne envoya un groupe de femmes bénévoles – connu sous le nom de Far East Welfare Team – au Japon afin d’appuyer les activités humanitaires des soldats canadiens. Du personnel de la Croix-Rouge canadienne fut également déployé en Corée afin d’y observer l’évolution de la situation. En 1952, la Croix-Rouge canadienne eut l’honneur d’organiser la 18e Conférence internationale de la Croix-Rouge à Toronto, dans le cadre de laquelle elle accueillit les représentants de 55 Sociétés nationales et de leurs gouvernements ainsi que des membres du Comité international de la Croix-Rouge et de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. D’ici la fin des années 1960, la Croix-Rouge canadienne s’était jointe à la vague de changement qui déferlait sur le pays en réorganisant son programme de Croix-Rouge jeunesse; au cours des décennies suivantes, elle inviterait les jeunes membres à s’investir sérieusement dans les activités de la Société. Le début des années 1980 marqua la dissolution du Corps de la Croix-Rouge canadienne. Entretemps, la Croix-Rouge tint un rôle actif dans le transport des immigrants hongrois vers le Canada au milieu des années 1950.  Elle accorda un appui financier et dépêcha des intervenants afin de porter secours aux victimes de sinistres et de guerres, notamment en Yougoslavie, au Guatemala, en Algérie, au Congo et au Nigeria. Bref, la période de l’après-guerre pour la Société canadienne de la Croix-Rouge fut caractérisée par l’intensification de ses opérations internationales, tout en poursuivant et en élargissant ses activités nationales en matière de santé publique et d’intervention en cas de sinistres.

En 1965, l’ensemble du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge souscrivit à l’adoption de sept Principes fondamentaux qui guideraient le travail humanitaire de l’organisme et de ses membres (comme la Société canadienne) partout dans le monde : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité.

 

Références bibliographiques :

Société canadienne de la Croix-Rouge. Rapports annuels. 1946-1989