Inondations au Soudan : 200 000 personnes déplacées, une centaine de morts – et le pire est à venir

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26 juillet 2007
Nawal Hassan Yousif et Anita Swarup à Khartoum

Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Soudan depuis le début du mois de juillet ont fait près de 100 morts et plus de 300 blessés et détruit les foyers de quelque 46 000 familles, entraînant le déplacement d’environ 200 000 personnes. Le Nil et plusieurs cours d’eau saisonniers sont sortis de leur lit, inondant plus de huit États. Le pays n’avait pas connu d’inondations aussi dramatiques depuis une vingtaine d’années et la situation pourrait bien empirer encore, car les précipitations ne semblent pas près de cesser.

Rien n’a été épargné par la violence des flots qui ont sérieusement endommagé ou anéanti fermes et bétail, routes, latrines, hôpitaux et écoles, plongeant des communautés entières dans un complet dénuement.

« Nous étions paniqués, car il a plu sans répit pendant cinq heures et nous avions de l’eau jusqu’à la poitrine. C’est alors que ma maison s’est effondrée », témoigne Ibrahim Adam Yusuf qui vit dans la région de Jedel awlia, à 45 kilomètres de la capitale Khartoum.

Par bonheur, les douze membres de la famille ont eu le temps de sortir avant que la maison ne soit emportée par les flots, mais tous leurs biens ont disparu : vêtements, ustensiles de cuisine, livres scolaires – il ne reste plus rien. Ils vivent à présent dans un abri de fortune et se demandent quand ils auront les moyens de reconstruire une nouvelle maison.

La fille d’Ibrahim souffre de diarrhée aiguë, une affection similaire au choléra qui se propage rapidement dans les régions inondées. Selon le docteur Adel Tadros, coordinateur du programme de santé de la Fédération internationale à Khartoum, « les inondations vont déclencher des flambées de paludisme et de diarrhée. Le Croissant-Rouge doit s’y préparer, faute de quoi nous risquerions d’être aux prises avec de véritables épidémies et d’enregistrer d’importantes pertes humaines ».

Les cas de malnutrition sont également à la hausse. De nombreux animaux domestiques – vaches, chèvres et volaille – ont péri, affectant gravement les moyens de subsistance des communautés sinistrées. Motasim Balla, éleveur de la région de Jedel awlia, a perdu sept vaches et ses quarante poulets dans les inondations, qui ont également ravagé plusieurs bâtiments agricoles. À la tête d’une exploitation florissante avant la catastrophe, il en est aujourd’hui réduit à redistribuer le lait aux quelques vaches rescapées.

Les services météorologiques prévoient d’autres précipitations abondantes dans les semaines et les mois à venir. Près de 2,4 millions d’habitants de 16 États pourraient être touchés, en particulier dans le nord et l’est.

Le Soudan est un des pays d’Afrique les plus exposés aux catastrophes. Ces dernières années, il a été durement éprouvé aussi bien par des sécheresses que par des inondations. Entre 1990 et 2001, six inondations à grande échelle ont touché plus de 1,5 million de personnes. Les coûts économiques de ces catastrophes sont énormes. En 1999, par exemple, les pertes résultant des débordements du Nil et d’inondations éclairs se sont chiffrées à plus de 450 millions de dollars américains.

Face à l’ampleur de la crise actuelle, le gouvernement soudanais a lancé un avis d’alerte préalable à la déclaration d’état d’urgence dans les régions sinistrées. Au siège du Croissant-Rouge soudanais à Khartoum, une cellule de crise comprenant des membres de la Société nationale, de la Fédération internationale et de Sociétés participantes travaille d’arrache-pied afin de mobiliser des ressources et de coordonner l’assistance. Le plan d’intervention d’urgence du Croissant-Rouge pour les inondations et un plan d’action détaillé ont été communiqués à tous les partenaires engagés dans l’opération, de même que les rapports d’évaluation à mesure qu’ils parviennent au siège. La recension des capacités d’assistance se poursuit dans plusieurs régions, notamment dans les États du Nil Blanc et du Kordofan septentrional.

Plusieurs équipes d’évaluation sont de retour, d’autres sont restées sur le terrain pour aider les volontaires locaux engagés dans des opérations d’évacuation et de distributions de secours dans les États de Kassala, Gezira, Mer Rouge et Nil Bleu. Des administrateurs spécialisés et des techniciens ont été déployés avec l’appui de la Fédération internationale. Le siège du Croissant-Rouge et les sections des États sinistrés suivent de près l’évolution de la situation et fourniront régulièrement des informations mises à jour.

De nombreux hôpitaux et cliniques ayant été détruits ou étant inaccessibles, la Société nationale a déjà mobilisé cinq cliniques mobiles, mais d’autres seront nécessaires. En concertation avec le ministère de la Santé et les hôpitaux locaux, le Croissant-Rouge s’emploie également à contenir les maladies véhiculées par l’eau.

Au début de la semaine, un hommage a été rendu au Croissant-Rouge soudanais et aux organisations partenaires, y compris le Sanad présidé par Widad Babikir, la Première Dame du Soudan, et l’UNICEF pour l’assistance fournie durant les inondations dans le nord de l’État de Khartoum. Dans cette région, une soixantaine de volontaires de la Société nationale continuent d’aider les populations exposées à mettre en place des barrages de sacs de sable en vue d’empêcher l’eau d’envahir les habitations.

La Fédération internationale a déjà débloqué environ 200 000 dollars de son Fonds d’urgence pour les secours en cas de catastrophe afin de soutenir les efforts initiaux du Croissant-Rouge soudanais. À ce jour, les volontaires du Croissant-Rouge ont distribué quelque 1200 tentes, 2000 bâches en plastique et plus de 3200 couvertures, ainsi que des tablettes de chlore, des cruches en plastique, des pompes à eau et du savon pour limiter l’impact négatif des inondations sur l’approvisionnement en eau pure et l’hygiène. D’autres secours offerts par les Sociétés soeurs de Syrie et des Émirats arabes unis sont en cours d’acheminement.

Pour faire suite à l’aide immédiate prélevée sur son Fonds d’urgence, la Fédération internationale a publié au nom du Croissant-Rouge soudanais un appel d’un montant de 1,65 million de dollars. Ce montant pourrait être révisé à la hausse dans les jours à venir et, compte tenu des fortes pluies encore attendues, l’appel servira également à préparer les communautés menacées par d’autres inondations au cours des prochains mois.