En direct du terrain – En première ligne après le séisme en Indonésie

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par Jean-Pierre Taschereau, Croix-Rouge canadienne

Une fois de plus, j’ai pu constater la toute-puissance de la nature, après avoir été témoin des dommages causés par la dernière catastrophe ayant frappé l’Indonésie.

Cela fait plus d’un an que je me trouve dans ce pays comme membre de l’équipe de la Croix-Rouge canadienne qui travaille à la reconstruction post-tsunami dans la province d’Aceh. Le 27 mai, nous avons reçu un appel d’urgence de la Croix-Rouge internationale.

A 5 h 54 (heure locale), la ville prospère et grouillante de Yogyakarta, sur l’île de Java, a changé d’aspect pour toujours lorsqu’un puissant tremblement de terre a ravagé une région de plus de 500 kilomètres carrés. Jusqu’ici, on a dénombré plus de 5 500 morts et 35 000 blessés, et plus de 48 000 maisons se sont effondrées comme des châteaux de cartes. En outre, plus de 120 000 maisons ont été totalement détruites, 172 000 autres ont été sérieusement endommagées et 243 045 autres ont subi des dommages.

Cette catastrophe nous a rappelé le tsunami de 2004, qui avait fait 130 000 morts et près d’un demi-million de sans-abri. Tout de suite après le tremblement de terre, des milliers de personnes s’étaient enfuies vers les collines par crainte d’un autre raz-de-marée. 

Lorsque je me suis joint à l’une des premières équipes d’évaluation sur les lieux de la catastrophe, l’expérience de l’année précédente m’est revenue à l’esprit. Je savais qu’on chargeait des articles de secours d’urgence dans les avions, qu’un hôpital de campagne était déjà en route vers les régions les plus touchées et que tous les membres du Mouvement de la Croix-Rouge se mobilisaient pour venir en aide à leurs homologues indonésiens.

Une fois de plus, j’ai été témoin de l’héroïsme édifiant des personnes qui ont été le plus touchées par la tragédie.

À peine quelques minutes après le tremblement de terre, la Croix-Rouge indonésienne est entrée en action. Deux cents bénévoles ont entrepris immédiatement les activités de recherche et de sauvetage, les évacuations médicales, les premiers soins et la distribution d’articles de secours. En une seule journée, 200 bénévoles supplémentaires venus de toutes les parties de l’île de Java se sont joints à ces 200 travailleurs de première ligne.

Pendant que les équipes internationales s’équipaient et envoyaient des unités d’intervention d’urgence, ces jeunes distribuaient des colis de vivres, des tentes, des trousses d’hygiène et des matelas à 40 000 personnes. De plus, ils fournissaient un soutien au personnel médical en s’occupant des milliers de blessés qui affluaient dans les salles d’urgence.

En quelques jours, des bénévoles et des secouristes venus d’autres régions d’Indonésie, notamment de celles qui avaient été touchées par le tsunami, se sont joints aux bénévoles locaux; en outre, plus de 150 membres des Sociétés de la Croix-Rouge de 18 pays se sont joints à eux. Au cours de la première semaine d’intervention, ces travailleurs de la Croix-Rouge internationale ont fourni des soins de santé à 1 400 personnes par jour en moyenne.

Même si cette intervention s’est heurtée aux difficultés habituelles, elle s’est démarquée des précédentes, les leçons tirées des opérations menées à la suite du tsunami ayant souligné l’importance, pour la Croix-Rouge indonésienne, de se préparer aux catastrophes.

Ce n’est pas un hasard si les équipes d’intervention ont accédé facilement aux entrepôts de fournitures d’urgence ou si l’intervention initiale a été dirigée par des secouristes bénévoles chevronnés, dont beaucoup étaient intervenus lors du tsunami de 2004 et s’étaient tenus prêts à réagir à une éruption éventuelle du volcan Merapi, situé à 20 kilomètres à peine. Ils savaient exactement quoi faire.

Dix jours seulement se sont écoulés depuis la catastrophe et me voici de nouveau à Banda Aceh. Les premières équipes d’intervention ont été remplacées par d’autres, plus importantes, dont les membres mèneront les activités de transition de la phase d’urgence à la phase de rétablissement.

Ma participation à une opération de secours en cas de catastrophe n’a jamais été aussi brève, mais cela ne signifie pas que les survivants n’ont plus de besoins. Le travail de reconstruction prendra probablement des années. Mon retrait précoce de cette affectation témoigne de la grande capacité d’adaptation et de l’excellente préparation des membres de la Croix-Rouge indonésienne face aux catastrophes qui semblent se succéder.