Jour 3 - Faits troublants transmis par la section provinciale à Karachi

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Au fur et à mesure que j’inspecte les zones du Pakistan les plus touchées par l’inondation, je remarque deux constantes : l’ampleur croissante des dégâts et le professionnalisme des délégués de la Croix-Rouge pendant leurs interventions.

Après avoir parcouru la vallée de Swat pendant deux jours pour visiter la clinique du Croissant-Rouge du Pakistan et un centre de distribution — deux installations financées par des dons versés à la Croix-Rouge —, nous avons quitté Islamabad pour nous rendre à Karachi afin d’entamer la partie suivante de notre voyage dans la province du Sindh, située dans le sud du Pakistan.

L’ampleur des dégâts dont nous étions témoins était énorme. La pointe de crue s’étendait vers le sud, et nous nous dirigions vers une région où une vague de six mètres avait détruit des centaines de villages et forçait des dizaines de milliers de personnes à quitter leur demeure.

À Karachi, lieu d’escale d’un vol nous menant à Sukkur au cœur de la zone inondée, nous nous sommes rendus au bureau provincial du Croissant-Rouge du Pakistan au Sindh afin d’obtenir une description des interventions d’urgence.

Je suis toujours aussi impressionné par le professionnalisme déployé lors des interventions du Croissant-Rouge du Pakistan. La salle de réunion de cette petite section de province grouillait d’activité, et le coordonnateur du programme de gestion des catastrophes nous a fourni une description détaillée de l’impact des inondations et des interventions en cours.

Quelques points soulevés dans cette rencontre ont attiré mon attention. Pendant la saison des moussons, des inondations peuvent survenir dans quatre ou cinq régions du Sindh, mais jamais auparavant la province n’avait été atteinte en totalité. Des rapports indiquent que les bœufs — une ressource importante pour l’économie locale — se noient à raison de 20 000 bêtes par jour.

À sa largeur maximale, le fleuve Indus fait normalement un kilomètre de largeur. Il couvre maintenant plus de 60 kilomètres à certains endroits. La « kachcha » — le périmètre d’inondation — n’avait pas été touchée par des inondations de cette ampleur depuis si longtemps qu’un regroupement de fermes et de villages s’étaient établis sur ces terres extrêmement fertiles. La plupart des personnes ayant osé s’y installer paient maintenant le prix de leur témérité.

Les citoyens de la province du Sindh ont besoin d’aide. C’est pourquoi le Croissant-Rouge s’est engagé auprès du gouvernement à fournir de l’assistance à 2 millions de personnes, dont 75 000 familles dans la province du Sindh.

Une expression locale nous avait été transmise, et nous étions sur le point d’en faire l’expérience nous-mêmes. Pour les Pakistanais, le fleuve Indus est roi. Il va où bon lui semble. Cela expliquait le fait que, même avec tous ces labyrinthes d’affluents et de canaux d’irrigation sillonnant le sol, le fleuve gonflé réussissait à trouver des failles dans les murs de renforcement longeant les rives. Contre toute vraisemblance, l’eau se frayait un chemin jusqu’à la campagne, bien au-delà du périmètre d’inondation.

Les villageois habitant loin du fleuve Indus avaient reçu un préavis d’alerte du gouvernement leur indiquant qu’il était possible que leur maison soit inondée. Ils avaient déjà reçu ce genre d’avis pendant les saisons des moussons précédentes, mais, puisque l’évacuation n’avait jamais été nécessaire, ils ne se sont pas préparés à abandonner leur maison avant que l’eau n’approche vraiment.