Combattre l’épidémie de choléra au Zimbabwe – 20 litres d’eau à la fois

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par Ron Yaworsky, délégué, Croix-Rouge canadienne

Lorsque j’ai reçu le coup de fil d’Ottawa cinq jours avant Noël me demandant si je pouvais m’envoler le lendemain soir, dans le cadre d’un déploiement d’une Équipe de réponse aux urgences (ERU) au Zimbabwe, afin de combattre l’épidémie de choléra, j’ai accepté sans hésiter.

J’étais ravi à l’idée d’aider dans une situation aussi difficile et de mettre à profit mes connaissances. J’ai acquis de l’expérience, principalement dans le domaine de l’ingénierie en eau et en assainissement, en accomplissant des missions au sein de communautés des Premières Nations dans le Nord canadien, un mandat de six mois au Darfour, au Soudan, et en suivant trois cours de formation spécialisés de la Croix-Rouge, au cours des 18 derniers mois. Deux de ces cours portaient sur les déploiements des ERU.

Je suis arrivé à Harare le 25 décembre, où j’ai rencontré mes collègues de la Croix-Rouge allemande et autrichienne qui, à mon image, avaient pris congé afin de participer à la mission. Deux d’entre nous ont été dépêchés dans la ville de Mutare, la capitale de la province orientale du « Manicaland », à la frontière avec le Mozambique.

À Mutare, nous avons rapidement noué de solides relations avec la Croix-Rouge du Zimbabwe. Ensemble, nous avons commencé à identifier les villages et les districts avoisinants les plus fortement touchés par l’épidémie. Puis, nous avons élaboré et mis en œuvre une campagne de sensibilisation à l’hygiène et à la prévention du choléra ciblée, afin de briser le cycle de l’épidémie.

En outre, nous avons conçu et offert un programme de formation pour les bénévoles qui enseignait à ces derniers comment diffuser des messages sur le choléra auprès des familles des zones rurales. Ce programme apprenait aux bénévoles à reconnaître les signes et les symptômes du choléra, et à soigner un patient atteint de la maladie en le réhydratant en toute sécurité grâce à une solution orale à base de sucre et de sels de réhydratation. Avant tout, ce programme mettait l’accent sur le fait que le choléra se propage à cause de mauvaises conditions d’assainissement et qu’il peut être combattu en se lavant les mains avec du savon, en utilisant des sources d’eau sûres (pour laver les aliments et boire), et en stockant l’eau de manière sécuritaire.

L’une de mes fonctions lors de ces séances de formation consistait à « former les formateurs » à l’utilisation des sachets de purification de l’eau. Dans un premier temps, nous prenions 20 litres d’eau saumâtre dans un seau, que nous avions puisés dans une rivière ou un puits à proximité, qui étaient souvent les seules sources d’eau disponibles. Puis, je leur montrais comment transformer cette eau en une eau claire et potable et les bénévoles expliquaient, à leur tour, grâce à des chants et des danses, comment ils allaient montrer aux villageois comment combattre l’épidémie de choléra – 20 litres à la fois!

L’un des volets les plus satisfaisants de ma mission était de travailler avec la Croix-Rouge du Zimbabwe. J’ai été inspiré par son engagement, malgré des conditions très difficiles. En effet, des bénévoles ont parcouru de grandes distances afin de se rendre auprès des familles, en transportant souvent sur leur tête une vingtaine de kilos de savon et de sachets pour traiter l’eau. 

Notre but était d’aider à stopper la propagation du choléra, mais nous avons également soutenu et renforcé les capacités de la Croix-Rouge du Zimbabwe. Ainsi, nos actions persisteront à la fin de notre déploiement d’urgence. 

Bien que j’aie pu constater des avancées à mesure que nous maîtrisions des flambées d’épidémie dans les villages et les régions où nos bénévoles étaient présents, il est évident que de nombreux besoins doivent encore être satisfaits, à fois à court et à long terme. Il est urgent que des fonds soient amassés afin de poursuivre l’intervention d’urgence à court terme et les programmes à moyen et à long terme visant à répondre aux besoins en eau et en assainissement. Ainsi, le choléra ne réapparaitra pas dans les régions où les programmes de la Croix-Rouge ont été couronnés de succès.