Des travailleurs sanitaires formés par la Croix-Rouge offrent un soutien psychosocial aux survivants

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par Pamela Davie, Croix-Rouge canadienne

Le 26 décembre, lorsque Sumitra Sumi a appris que le tsunami avait frappé à quelques kilomètres de chez elle, elle a su que ses compétences seraient nécessaires. Cette jeune mère de 27 ans travaille dans un centre de soins de santé soutenu par la Croix-Rouge canadienne et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui fournit des premiers soins et une sensibilisation à l’hygiène à la collectivité de Ootu Pulam, au Sri Lanka. 

Le jour même, Mme Sumi s’est précipitée vers la côte où, en compagnie de 48 autres travailleurs de la santé de la Croix-Rouge de centres similaires, elle a prodigué des premiers soins aux blessés.

En plus de soigner les blessures corporelles, elle doit maintenant aborder un autre sérieux problème qui menace les survivants : l’impact psychologique du tsunami. 

La Croix-Rouge canadienne offrira une formation à Mme Sumi et à ses collègues leur permettant de fournir un soutien psychosocial ainsi que des premiers soins et une sensibilisation à l’hygiène aux personnes déplacées vivant dans des camps de transit.

Judi Fairholm, directrice, Services de prévention de la violence, Croix-Rouge canadienne, et la DreLily Montano, déléguée, Santé, Croix-Rouge canadienne, coordonnent la formation. Elles font partie d’une mission d’évaluation de la Croix-Rouge canadienne visant à instaurer des programmes de rétablissement à long terme pour les milliers de sinistrés. En mars, elles ont entrepris dans le Nord de l’île une évaluation sur le terrain en vue d’établir des programmes de soins de santé.

Fred Robarts, chef, Opérations, CICR, à Jaffna rapporte que le sinistre a eu des effets  psychologiques considérables. Dans le Nord, plus de 90 % de la population a déjà été déplacée au moins une fois avant le tsunami en raison du conflit entre le gouvernement et les Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul (TLET).

Toutefois, la mer, qui permet aux sinistrés de gagner leur vie tout en constituant une partie intégrante de leur existence, est aussi la cause la plus récente de la dévastation et des pertes. 

« Les gens qui ont directement été touchés par le tsunami vivaient au bord de la mer et ils croyaient la connaître. Ils avaient ressentis les effets d’un conflit, mais ils ont réalisé qu’ils ne sont pas à l’abri de la nature. Ils se demandent “Que nous reste-t-il?” »

Le Dr Daya Somasundaram, chef du département de psychologie de la faculté de médecine de l’Université de Jaffna, confirme que l’aide psychosociale est une priorité pour aider les gens à se rétablir de ces pertes catastrophes.  

Toujours selon le Dr Somasundaram, les principaux problèmes auxquels sont confrontés les collectivités après le passage du tsunami sont une augmentation des cas de dépression, de troubles du sommeil, de suicides et d’alcoolisme. 

Il s’agit d’un grave problème dans un pays se classant déjà au septième rang dans le monde au chapitre des suicides selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Les hommes sont un groupe à haut risque. Beaucoup ont été témoin de la mort de membres de leurs familles, les femmes et les enfants représentant un pourcentage élevé des victimes. Dans une société où le rôle assigné à chacun des sexes est clairement défini, les hommes doivent désormais porter un double fardeau à titre de chefs de familles monoparentales. Leur perte personnelle, combinée à la destruction de leurs bateaux et de leurs moyens de subsistance, les rend plus susceptibles de souffrir de l’impact psychologique du sinistre.

Le Dr Daya Somasundaram note que les enfants et les jeunes souffrent eux aussi, comme en font foi leurs cauchemars, leurs phobies et l’amplification de leurs émotions.

Toutefois, il souligne que les organisations bien intentionnées doivent prendre en considération le type d’aide psychologique nécessaire ainsi que le contexte culturel dans lequel elle est offerte.

Il note que moins de 10 % des personnes souffrant de dépression ou d’un traumatisme à la suite du tsunami ont besoin d’une aide professionnelle, les autres ont plutôt besoin d’interventions communautaires comme des activités d’établissement de liens amicaux, d’écoute et de partage. 

« Les survivants ont un sentiment de culpabilité et revivent sans cesse les événements. On doit créer des groupes de soutien pour comprendre le stress et la tension et savoir comment les atténuer. » Il recommande aussi d’obéir à des rituels et de tenir des activités des souvenir afin d’aider au processus du deuil. 

Conséquemment, le Dr Somasundaram a adapté un programme de formation qu’il a élaboré pour la prestation d’aide psychosociale à la population touchée par le conflit pour répondre aux besoins des survivants du tsunami. 

Des bénévoles de la Croix-Rouge de Sri Lanka d’Ampara, de Batticoloa, de Tricomalee et de Jaffna ont récemment terminé leur formation permettant d’offrir un soutien à leurs collectivités.

En mars, la Croix-Rouge canadienne et le CICR inciteront Mme Sumi et ses collègues à suivre la formation et ils prévoient augmenter à 1 000 le nombre de membres de l’équipe  de travailleurs en santé offrant une aide à travers le pays.

Le père Damien convient qu’une formation appropriée à la culture est essentielle. Ce prêtre diplômé en psychologie de l’Université d’Ottawa dirige le Holistic Health Centre,  une organisation non gouvernementale qui fournit des programmes psychosociaux aux écoliers et à leurs parents. 

Il supervise 60 travailleurs communautaires exécutant le programme dans la région de Jaffna. « À quelques occasions, des personnes bien intentionnées sont venues pour offrir une aide psychologique aux survivants. Ils ont amené les enfants au bord de la mer, ce qui les a traumatisés une seconde fois », a-t-il déclaré.

De concert avec le CICR, la Croix-Rouge danoise soutient les enfants touchés par la guerre, offrant un programme psychosocial aux écoliers de la région depuis 2003. La Croix-Rouge a formé des enseignants de 20 écoles pour qu’ils offrent des séances après les heures de classe aux enfants de sixième et de huitième année. Chaque élève assiste aux cours chaque semaine durant six mois, pour être sensibilisé à des sujets tels que la réconciliation et la coopération. 

L’équipe de la Croix-Rouge canadienne poursuit son évaluation, son prochain arrêt étant à Ampara sur la côte Est.