Un soutien psychologique essentiel après le passage de l’ouragan Matthew

Récit de France Hurtubise, déléguée de la Croix-Rouge canadienne, déployée pour soutenir les opérations de secours en Haïti
Photos de Maria Santto, Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge


Emilie parle à Medjin pendant qu'il dessine« Chaque jour, je vois des enfants qui présentent des séquelles sévères liées à la perte de leur maison ou d’êtres chers », explique Émilie Gauthier-Paré. Travailleuse humanitaire en soutien psychosocial pour la Croix-Rouge canadienne en Haïti, Émilie est membre de l’équipe de la clinique mobile qui se déplace quotidiennement dans les villages reculés du département de Grande Anse dans le sud-ouest du pays ravagé par l’ouragan Matthew.
 
Sur place, la clinique de la Croix-Rouge canadienne offre des soins primaires et sensibilise la population aux risques de choléra. Le rôle d’Émilie est d’apporter un soutien en premiers secours psychologiques.

« Plusieurs enfants arrivent à la clinique avec l’estomac vide, ce qui ajoute à leur stress » raconte Émilie. L’intervention de la spécialiste en soutien psychosocial est essentielle. Observer, écouter et mettre en contact sont les trois grands principes qui guident son action. Elle doit pouvoir identifier rapidement les services disponibles au sein de la communauté, comme l’église, les voisins, la famille, les amis, les bénévoles de la Croix-Rouge haïtienne. Elle peut ensuite orienter les personnes qui requièrent un soutien spécialisé vers ces services ou, dans les cas plus graves, vers des professionnels en santé mentale.
 
La tâche est rendue particulièrement ardue par l’ampleur du récent désastre. Le puissant ouragan Matthew a touché une grande partie de la population et causé des dommages importants aux foyers, aux récoltes, aux bâtiments et à l’infrastructure. Lorsque le tissu de la société est touché à ce point, tous en souffrent, comme si chacun devenait une victime et que même les plus résilients ont peine à venir en aide aux plus démunis.
 
L’année dernière en octobre, Émilie était à Idoménie en Grèce dans le cadre d’une mission d’un mois auprès des réfugiés syriens. « Mon travail était plus facile à Idoménie. J’avais développé de bonnes relations avec les différents acteurs d’aide en Grèce et, conséquemment, j’étais en mesure d’aider rapidement les personnes dans le besoin, confie Émilie. Même si je voyais une famille seulement une fois, je savais où la guider. En Haïti, c’est plus difficile en raison de la dispersion des communautés, de l’étendue des dégâts et du peu de temps que nous pouvons consacrer à chaque village étant donné le grand nombres de villages où nous devons aller. »
 
« Mon plus grand défi est de composer avec les ressources que je trouve sur place », souligne Émilie. Au village de Moline, dans la commune de Pestel, elle a identifié une personne qui a été d’un énorme secours : le prêtre du village. « Lors de notre arrivée, le prêtre nous a chaleureusement accueillis. J’ai ensuite pu lui confier une famille qui n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. »blog_Haiti-Matthew-soutien-psychologique_Medjin-min.jpg
 
Du haut de ses huit ans, un œil infecté, Medjinn Precilien arrive seule à la clinique que l’équipe vient d’installer à Anse d’Hainault. Elle habite à Morne-Dema, situé à plus d’une demi-heure de marche. Medjinn, sa mère, son beau-père, ses quatre sœurs et ses deux frères ont tout perdu. Grâce à une distribution de matériel de secours, ils ont reconstruit un logis pour se mettre à l’abri du vent et de la pluie. Medjinn était à la maison lorsque l’ouragan a frappé. Elle n’oubliera jamais ce cauchemar. Comme toutes les jeunes filles de son âge, elle aimait bien jouer avec sa poupée. Sa poupée s’est envolée avec tout ce que sa famille possédait. Aujourd’hui, elle rêve de devenir médecin pour aider les gens qui ont besoin de soins.
 
Au premier contact avec une personne, Émilie peut déceler les indices d’un état de choc : par exemple, le manque d’appétit ou encore, chez les enfants, la perte d’intérêt à s’amuser. « Il est important d’encourager les enfants à jouer, ce qui, à leur âge, représente le comportement normal. Mon défi est de développer des outils sur le terrain. Des ballons, des crayons, du papier, de la peinture, en fait, tout ce que je peux trouver sur place. Il n’est pas nécessaire que ce soit sophistiqué. » Il suffit de permettre à l’enfant de commencer à reprendre un tant soit peu une vie normale.
 
blog_Haiti-Matthew-soutien-psychologique_Medjin-famille-min.jpgDepuis le 28 octobre, la Croix-Rouge canadienne, avec l’appui de la Croix-Rouge française et en étroite collaboration avec le ministère de la Santé publique et de la Population d’Haïti et la Croix-Rouge haïtienne, opère une clinique mobile dans les villages reculés du département de Grande Anse.  Plus de 1000 patients ont été vus par l’équipe médicale dans les communes de Beaumont, Pestel, Corail, Moron, Anse d’Aineault, Les Irois et Dame Marie.
 

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