Une vie sauvée, mais quelle angoisse!

Voici le récit touchant de Marc R. Côté, instructeur en premiers soins de la Croix-Rouge, qui a sauvé la vie d’une collègue grâce aux manœuvres de désobstruction des voies respiratoires. Auriez-vous su quoi faire?

esther_laforte-(1).jpgJ’aimerais partager avec vous les émotions et les craintes qui m’ont habité lorsque je suis intervenu lors d’une situation d’urgence vitale survenue le 30 juillet 2013 vers 17 h 30. Tout ce que je raconte ci-dessous  n’a duré tout au plus que 20 secondes. 

Je soupais à la cafétéria du centre sportif de Lac-Mégantic, où j’avais été déployé par la Croix-Rouge à la suite de la tragédie du 6 juillet 2013.

Esther Laforte, directrice adjointe des Services aux sinistrés et responsable de l’intervention de la Croix-Rouge à Lac-Mégantic, était assise près de moi à la table. Tout en parlant, Esther a commencé son repas et, soudainement, elle s’est complètement étouffée avec une bouchée de viande. Incapable de respirer, de parler ou de tousser, elle se tenait la gorge à deux mains.

J’enseigne les premiers soins pour la Croix-Rouge depuis plus de 25 ans, et j’ai été pendant 32 ans paramédic pour Urgences-santé à Montréal et à Laval. Je suis maintenant retraité, mais au cours de ma carrière, j’ai vécu beaucoup de situations d’urgence.

Lorsque Esther s’est étouffée, j’ai immédiatement compris ce qui se passait. J’ai lu dans ses yeux la détresse de ne plus être capable de respirer. Ses mains ont rapidement monté à son cou pour souligner son obstruction respiratoire, puis elle a tendu les bras vers moi. La couleur de sa peau a rapidement changé : d’une teinte rosée à violacée. Elle s’est levée d’un bond...

Dans ma tête se bousculait une longue séquence des interventions possibles si les manœuvres de base de désobstruction des voies respiratoires ne fonctionnaient pas : faire appeler le 911, faire quérir l'équipement de premiers soins et le défibrillateur externe automatique (DEA) près de l’escalier, demander à quelqu’un d’aller attendre l’ambulance à l’extérieur, faire tasser les tables pour permettre un corridor d’accès pour laisser passer les paramédics avec leur civière, entamer les manœuvres de désobstruction des voies respiratoires pour une personne inconsciente...

Je passe à l’action. Je mets mes bras autour de sa taille et je localise l’espace pour commencer les manœuvres de compressions abdominales. Je recommence à 4 ou 5 reprises, soulevant même Esther de quelques pouces du sol. Mais elle me signale que cela ne fonctionne pas en me tapant sur l’avant-bras. Alors, je la penche un peu vers l’avant, et je lui donne une tape avec la paume de la main entre les deux omoplates. Le contrecoup fait vaciller sa tête vers l’avant, mais rien ne sort de sa bouche. Esther se met la main sur la nuque et je recommence. Je donne trois autres tapes entre les omoplates, puis, elle crache un morceau de viande, et elle recommence à respirer et à parler.

Merci, elle est sauvée!
Nous nous sommes fait une longue accolade, nous étions heureux! Esther respirait et moi, j’avais évité le pire. Je lui ai par la suite conseillé d’aller à l’hôpital de Lac-Mégantic pour un examen médical.

La désobstruction des voies respiratoires a fonctionné grâce à une variation de méthodes, comme nous l’enseignons dans les formations de secourisme offertes par la Croix-Rouge canadienne. C’est la combinaison des deux techniques qui a fait la différence. Cet événement marquera ma vie. 

Pour trouver un cours de secourisme offert dans votre région, visitez notre site Web.


 

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