Malgré l’adhésion populaire aux Conventions de Genève, un sondage mené par la Croix Rouge révèle que de nombreux Canadiens ignorent les règles de la

05 décembre 2016

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vient tout juste de publier un nouveau rapport intitulé Les voix de la guerre, accompagné des résultats détaillés d’une enquête menée auprès de la population canadienne. Si l’idée qu’il faut imposer des limites à la guerre est partagée par plus des trois quarts de la population, il est déplorable de constater que 31 % des Canadiens sondés croient que les travailleurs humanitaires tués ou blessés dans l’exercice de leurs fonctions sont une conséquence inévitable de la guerre. En outre, 13 % des Canadiens interrogés croient que les attaques perpétrées contre les hôpitaux, les ambulances et les travailleurs de la santé dans le but d’affaiblir l’ennemi font partie intégrante de la guerre.

« Il est rassurant de constater que la majorité des Canadiens pensent qu’il y a des limites aux mesures qui peuvent être prises en temps de guerre, a affirmé Hossam Elsharkawi, vice-président, Opérations internationales, Croix-Rouge canadienne. Cependant, cela ne suffit pas. Il nous faut dépasser le stade de la simple acceptation pour amener l’opinion publique à défendre l’importance des droits universels de la personne dans les zones de conflit. Le traitement humain de toutes les parties concernées doit être placé au cœur des priorités. Si on relègue cet enjeu au second plan, on peut s’attendre au pire. »

À l’échelle internationale, dans le cas où les combattants ennemis ne respectent pas les lois de la guerre, plus de la moitié des répondants sont d’avis que cela ne donne pas le droit au camp opposé d’en faire autant. Les lois de la guerre interdisent notamment la torture et toute autre forme de mauvais traitement, et condamnent les attaques délibérées contre les civils. Par ailleurs, elles reconnaissent que chaque personne a le droit de recevoir des soins de santé en contexte de conflit armé et que les migrants vulnérables ayant fui leur domicile doivent être protégés.   

« Bien que l’abondance d’images choquantes qui nous parviennent des lignes de front peuvent contribuer à désensibiliser le public canadien, qui a la chance de vivre en sécurité, nous ne pouvons ignorer les coûts humains engendrés par les conflits armés, a ajouté M. Elsharkawi. Les dispositions relatives au droit international humanitaire et les Conventions de Genève ont été établies pour protéger le caractère sacré de la vie humaine, et veiller à ce que les deux parties au conflit soient traitées avec humanité. »

Voici un aperçu des autres constats présentés dans le rapport :
  • Au total, 10 % des Canadiens estiment que dans certaines circonstances, il est acceptable que les combattants ciblent des travailleurs de la santé œuvrant en contexte de conflit armé. De ce nombre, plus de la moitié ont affirmé qu’il était acceptable de s’en prendre aux travailleurs de la santé lorsqu’ils soignent les combattants ennemis, alors que 71 % d’entre eux trouvent admissibles ces attaques quand les travailleurs ne sont pas clairement identifiés comme faisant partie du personnel médical.
  • Parmi les personnes sondées, 21 % des Canadiens estiment que les attaques contre les civils ne devraient pas être évitées à tout prix lors d’une offensive contre l’ennemi.
  • Seulement 33 % des Canadiens ont déjà entendu parler du droit international humanitaire, et 43 % d’entre eux ne croient pas en la capacité des Conventions de Genève de limiter les horreurs de la guerre.
  • À l’échelle internationale, il est inquiétant de constater que 36 % des répondants pensent qu’il est acceptable de torturer un combattant ennemi fait prisonnier pour lui soutirer des informations militaires de première importance. Un peu moins de la moitié seulement des personnes interrogées (48 %) condamnent cette pratique, alors qu’elles étaient 66 % à l’issue d’une enquête réalisée en 1999.
  • Au total, 78 % des sondés vivant dans des pays touchés par un conflit armé estiment qu’il ne faut pas lancer d’attaques dans des zones peuplées dès lors que de nombreux civils risquent d’être tués. Dans les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies (à savoir la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis), seulement 50 % des répondants partagent cet avis.
C’est la première fois que le CICR réalise une enquête de cette envergure au sujet des perceptions qu’entretiennent les peuples de diverses nations sur différents thèmes liés à la guerre. La Croix-Rouge encourage les Canadiens à se renseigner davantage sur ces enjeux de taille en suivant la formation gratuite offerte en ligne par le CICR à l’adresse https://www.icrc.org/fr/centre-de-formation-en-ligne.
 
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