Crise en Syrie : un appel pour soutenir et protéger les femmes victimes des effets du conflit en Syrie

Sujets: Moyen-Orient et Afrique du Nord, Situations d'urgence et catastrophes dans le monde
13 mars 2015

En mars 2015, alors que la crise en Syrie entre dans sa cinquième année, la Croix-Rouge canadienne se rallie à ses partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (le Mouvement) en appelant à redoubler d’efforts pour protéger et soutenir les femmes et les filles syriennes (particulièrement) qui sont exposées à de multiples formes de violences et ont cruellement besoin d’accéder à des services de santé essentiels.
 
La capacité d’adaptation des femmes durant la crise est visible partout où des personnes trouvent refuge alors qu’elles fuient les combats. Par exemple, dans un camp de réfugiés de fortune à Ketermaya, au Liban, Nejmeh, une jeune adolescente de 14 ans originaire des environs de Damas, enseigne la lecture, l’écriture, le calcul et la science à un groupe de jeunes enfants pleins d’énergie. Cette jeune femme résiliente donne ces cours en plein air pour distraire les enfants, dont certains ont passé la moitié de leur vie à fuir les horreurs de la guerre. « J’espère que ces cours instructifs les aideront à oublier l’espace d’un instant leurs problèmes et la perte de leurs proches », explique-t-elle.
 
À plusieurs centaines de kilomètres, Kadija, 44 ans, mère de 4 enfants, a du mal à subvenir aux besoins de sa famille réfugiée à Erbil, en Irak, où plus de 80 000 Syriens vivent là où ils trouvent un toit pour les héberger (garages, constructions inachevées, abris de fortune ou petits appartements). « Nous survivons parce que nos voisins irakiens cuisinent au moins deux ou trois fois par semaine pour nous, dit Kadija, une veuve qui fait des petits boulots pour soutenir sa famille. Mais cela ne suffit pas. Chaque jour, je dois trouver quelque chose pour que mes enfants survivent ».
 
Ce ne sont là que deux exemples de femmes confrontées aux difficultés extrêmes générées par le conflit en Syrie, qui, en quatre années, a déplacé environ huit millions de personnes dans le pays, et contraint quelque quatre millions de personnes à chercher refuge à l’étranger (notamment dans les pays voisins, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie). Sur ce nombre, on compte environ quatre millions de femmes et de jeunes filles, qui, pour la plupart, se trouvent aujourd’hui à la tête d’un ménage ou doivent subvenir aux besoins de leur famille après avoir perdu mari, père ou fils.
 
Ces femmes et ces filles ont un accès extrêmement limité à des soins de santé adéquats alors même que leur santé et celle de leur famille sont particulièrement fragiles. Et pourtant, les femmes incarnent souvent le noyau vital de la famille et la résilience de leur collectivité : ce sont elles qui maintiennent leur famille en bonne santé, la nourrissent et préservent son unité.
 
« Les femmes jouent un rôle clef, elles insufflent l’espoir et font tout leur possible pour que leur famille puisse continuer à faire face à des situations très difficiles, déclare Tadateru Konoé, président, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Nous devons prendre en compte ces difficultés et nous assurer que ces femmes bénéficient de toute l’assistance nécessaire. »
 
Il est essentiel qu’elles aient accès à des services de santé de base. « Souvent, lors des conflits, ce ne sont pas uniquement les blessures infligées par les balles et les bombes qui ont l’impact le plus grand sur la santé, mais ce sont les effets secondaires liés au déplacement, à la contamination de l’eau, à une mauvaise alimentation et à l’interruption des services de santé, dit Peter Maurer, président, Comité international de la Croix-Rouge. Les femmes et les enfants souffrent terriblement de cette situation, car leur santé est rarement prise en charge dans la lutte quotidienne qu’ils mènent pour survivre. »
 
Par exemple, parmi les 12 millions de personnes qui ont fui en raison de ce conflit, quelque 500 000 sont des femmes enceintes qui encourent des risques dus à la malnutrition, au manque d’accès à des soins obstétriques adéquats et à d’autres facteurs.
 
La Croix-Rouge canadienne demeure solidaire du Mouvement et exhorte toutes les parties au conflit à respecter et à protéger le personnel et les bénévoles des Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge et d’autres organisations humanitaires - dont bon nombre sont des femmes. Sur les 40 bénévoles du Croissant-Rouge arabe syrien et les 7 bénévoles du Croissant-Rouge palestinien qui ont été tués depuis le début du conflit, 3 étaient des femmes.
 
Face à une crise ou une catastrophe, le Mouvement s’engage à donner aux femmes davantage de moyens pour qu’elles puissent répondre à leurs propres besoins et à accorder la priorité à la protection des femmes et des filles vulnérables dans les pays et les collectivités à travers le monde.