Mission au Népal : Les premiers intervenants d’urgence doivent être prêts à affronter l’inconnu

En France Hurtubise , Croix-Rouge communications délégué canadien au Népal <br/> | 02 juin 2015

p-NPL1249-(3).jpg« Si c’était à recommencer, je n’hésiterais pas une seconde! », a confié Sarah Mutch, une travailleuse humanitaire de la Croix-Rouge canadienne déployée avec l’hôpital de campagne au lendemain du séisme qui a dévasté le Népal. 
 
Étant donné que chaque catastrophe apporte son lot de défis particuliers, la Croix-Rouge doit veiller à adapter son intervention en fonction du contexte propre à chacune. Afin de mener des opérations efficaces, la Croix-Rouge doit être bien préparée en plus de connaître le contexte géographique, la topographie de la région sinistrée, ainsi que de la culture de la population touchée. Les deux séismes survenus au Népal les 25 avril et 12 mai derniers rappellent concrètement l’importance de ces éléments.

Intervention d’urgence
Grâce au soutien du gouvernement du Canada, la Croix‑Rouge canadienne dispose de deux Équipes de réponse aux urgences, ou ERU de santé, prêtes à être déployées : une clinique de campagne (appelée aussi unité de soins de santé de base) et un hôpital de campagne (ou hôpital d’urgence à déploiement rapide). Compte tenu de leur état de préparation, de leur fiabilité et de leur souplesse, ces ERU peuvent être déployées dans un délai de 48 heures lorsqu’une urgence majeure frappe n’importe où dans le monde. En outre, elles peuvent fonctionner de façon entièrement autonome durant un mois et mener des opérations pendant une période pouvant aller jusqu’à 4 mois, en comptant sur des fournitures et une équipe multidisciplinaire composée de 10 à 20 travailleurs humanitaires. Dans les 12 heures suivant son arrivée, l’ERU de santé peut commencer à offrir des soins de santé aux sinistrés, notamment des soins chirurgicaux et des soins destinés aux mères et aux enfants, ainsi que des services de santé communautaire et du soutien psychosocial. Lorsqu’elle fonctionne à plein régime, l’ERU de santé est en mesure de traiter jusqu’à 300 patients par jour. 
 
Premiers répondants
La chirurgienne Ola Dunin-Bell, l’infirmière de salle d’opération Diane Hyra-Kuzenko et l’infirmière Sarah Mutch (voir photo) font partie des 20 délégués de la Croix-Rouge canadienne qui se sont envolés vers le Népal dans les 48 heures suivant le premier séisme. Ces 3 déléguées partageaient un point en commun : il s’agissait de leur premier déploiement au sein de l’ERU de la Croix-Rouge canadienne. Le 28 avril, c’est une scène de destruction totale qui les accueillait à Katmandou.
 
Pourtant, l’aide de l’équipe canadienne était requise de toute urgence dans le district de Dhunche, situé à 150 km au nord de Katmandou et accessible par des routes de montagne sinueuses. Dhunche, chef-lieu du district de Rasuwa, compte parmi les districts le plus durement touchés par le premier séisme. Comme le vieil hôpital du district a été détruit par les secousses, le ministre de la Santé du Népal a demandé à la Croix-Rouge canadienne de mettre sur pied son hôpital de campagne à proximité de l’hôpital en ruines.
 
« Je dirais que la principale différence entre un premier déploiement et une mission normale sur le terrain est que dans le premier cas,il faut davantage veiller les uns sur les autres, a affirmé la Dre Ola Dunin-Bell, une chirurgienne du Canada spécialisée dans le domaine de l’intervention d’urgence, qui œuvre depuis trois ans auprès de la Croix-Rouge. Dès notre premier jour sur le terrain, nous devions construire notre espace de vie et veiller à ce que chacun dispose d’une quantité suffisante de vivres et d’eau potable, tout en mettant sur pied l’hôpital de campagne destiné à offrir une assistance médicale aux sinistrés ».

Surmonter les difficultés
Comme les routes étroites menant à Dhunche ont été bloquées par des éboulements de terrain, tout le nécessaire devait être transporté par hélicoptère. Ola, Diane et Sarah ont été rapidement dépêchées sur les lieux, avec la première moitié du groupe de travailleurs humanitaires canadiens et l’équipement médical. C’est au cœur des montagnes escarpées, à 2 030 mètres d’altitude, que l’équipe canadienne a érigé son hôpital de campagne. L’hôpital de campagne de la Croix-Rouge canadienne mis sur pied à Dhunche surplombe le village et est entouré de montagnes distantes dont les sommets atteignent jusqu’à 7 000 mètres d’altitude. Il est doté d’une équipe médicale complète formée d’un chirurgien, d’un obstétricien, d’urgentologues et de médecins qui travaillent tous ensemble aux côtés de techniciens chevronnés et d’un délégué, Communications. Les membres de cette équipe soutiennent également les médecins, le personnel infirmier et les travailleurs humanitaires népalais qui interviennent activement dans la collectivité.

« C’est impressionnant de constater tout ce qu’une équipe de 14 personnes peut accomplir en l’espace de deux semaines dans un environnement aussi chaotique, a déclaré Diane Hyra-Kuzenko, une infirmière comptant 41 ans d’expérience à son actif. En effet, tout au long de la mission, nous avons réussi à opérer des survivants blessés et à prodiguer des soins de santé aux collectivités. C’est grâce à notre bon jugement et à notre créativité que nous sommes parvenus à relever tous les défis! »

La Croix-Rouge canadienne a mené des opérations à la suite du séisme en Haïti, du typhon aux Philippines et des séismes au Népal et a ainsi acquis une expérience de travail au sein de contextes difficiles. Chaque situation d’urgence est différente, mais le succès d’une mission repose sur la capacité des délégués de l’ERU à se mobiliser dans les 48 heures suivant une catastrophe de même que sur leur professionnalisme, leur souplesse et leurs compétences. Ola, Sarah et Diane, des professionnelles hautement qualifiées, partagent une aspiration commune : « Nous ressentons l’obligation morale de prendre soin des plus vulnérables. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi le domaine médical. »
 
Des équipes de la Fédération internationale, du Comité international de la Croix-Rouge et de 26 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge sont maintenant sur le terrain pour aider la Croix-Rouge du Népal. Des avions d’aide humanitaire contenant des fournitures d’urgence et des articles médicaux sont mobilisés quotidiennement.

Les Canadiens sont invités à venir en aide aux personnes touchées par cette catastrophe en faisant un don au profit du Fonds Séisme au Népal et dans la région de la Croix-Rouge canadienne.
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